L’emploi de qualité : un des principaux défis à relever déclare l’OIT

25 Feb 2016

En 2016, la création d'emplois de qualité est l'un des principaux défis auquel « tous les pays et toutes les régions du monde sont confrontés » selon l'étude qu’a récemment publiée l’Organisation internationale du Travail (OIT) « Emploi et questions sociales dans le monde – Tendances 2016 (WESO en anglais) »1. Une série de recommandations politiques – y compris le « renforcement des institutions du marché du travail afin d'assurer que les systèmes de protection sociale sont bien conçus » – ont été abordées afin d'éviter de nouvelles hausses du chômage, le sous-emploi et les travailleurs pauvres. Selon l'OIT un rééquilibrage dans les efforts de réforme est également nécessaire et notamment « les réformes financières doivent garantir que les banques effectuent leur rôle d'acheminement des ressources dans l'économie réelle et dans des investissements pour l'expansion des entreprises durables et la création d'emplois ».

« Les coopératives industrielles et de services sont particulièrement concernées par ce défi parce qu’elles ont comme mission principale la fourniture d’emplois durables ou d’activités économiques à leurs membres. Le fait que les membres (les copropriétaires de l’entreprise en fait) sont les travailleurs ou les producteurs eux-mêmes, qu’ils partagent toutes les responsabilités de l’entreprise et qu’ils mettent en œuvre ensemble les stratégies entrepreneuriales, offrent la garantie que la priorité sera accordée à la sauvegarde de leurs emplois et de leurs activités économiques dans le long terme, avec une rémunération et des conditions de travail adéquates. Les gouvernements ne peuvent se permettre de regarder de côté quand le mouvement coopératif peut leur offrir une partie importante de la solution au problème de l’emploi dans le monde » souligne Bruno Roelants, Secrétaire général de CICOPA. Les coopératives de travail associé sont un modèle d’entreprises dont le nombre va croissant ; selon l’étude « Coopératives et emploi : un rapport global », on compte 11 millions de travailleurs-membres de coopératives dans le monde.

Les résultats de l’étude de l’OIT révèlent que, même dans les pays où l’on s’attend à une baisse du chômage, en particulier en Europe et en Amérique du Nord, « le chômage de longue durée et celui des jeunes restent d’importants défis sociaux à prendre en compte ». Rien qu’au niveau européen, plus de 4000 coopératives sociales du réseau de CECOP ont pour mission essentielle l’insertion professionnelle des groupes défavorisés, une grande partie étant des chômeurs de longue durée. En Pologne, par exemple, près de 1000 coopératives sociales ont été créées par un chômeur au moins. « Le fait que les entreprises peuvent être gouvernées démocratiquement y compris par les plus défavorisés offre les conditions pour un type d’intégration adaptée et à long terme. Ainsi les coopératives sont-elles des partenaires idéaux pour les États membres sur la question du chômage à long terme », ajoute Bruno Roelants.

Le rapport de l’OIT souligne qu’en raison d’un manque d’emplois décents les travailleurs sont plus enclins à se tourner vers l’emploi informel, les emplois non agricoles informels touchent plus de 65 % des travailleurs dans un tiers des pays disposant de données comparables. Dans le monde du travail, les femmes continuent d’être surreprésentées comme travailleuses familiales ou dans des emplois informels. En outre, dans la plupart des régions du monde, les femmes sont plus susceptibles de souffrir d’écarts de rémunération, d’être sous-employées ou de travailler sous contrats temporaires. Le document « Les coopératives sont la clé de la transition de l’économie informelle à l’économie formelle » publié par CICOPA en 2015 fait valoir que le modèle d’entreprise coopérative est particulièrement adapté pour sortir les gens de la pauvreté et réaliser la transition vers l’économie formelle en donnant un voix socio-économique et une représentation à des citoyens ordinaires, en permettant des économies d’échelle, en offrant une vaste gamme de services de soutien à l’entreprise (formation et éducation, financement, services consultatifs, etc.) et la formalisation d’une demande administrative. Les coopératives sont des instruments entrepreneuriaux ouverts à toutes les personnes qui permettent d’assurer cette transition progressive en fournissant les compétences et les économies d’échelle nécessaires. Cela vaut en particulier pour les groupes vulnérables tels que les femmes, les minorités ethniques, les chômeurs de longue durée, les personnes handicapées, les migrants, etc.

Selon une étude de l’OIT, la récente arrivée massive de réfugiés dans le nord et le sud de l’Europe ainsi qu’en Europe occidentale, en provenance principalement des États arabes à la suite des conflits armés en cours, soulève la question de l’intégration d’un grand nombre de personnes dans les marchés du travail et dans la société. Comme on peut le voir actuellement dans le sud de l’Europe, les coopératives aident les réfugiés à avoir une vie plus digne à la fois en leur fournissant des services sociaux et d’urgence et en contribuant à leur insertion en fonction des réglementations nationales spécifiques. Les coopératives de travail associé et les coopératives sociales possèdent une expérience de plusieurs décennies dans la fourniture de services sociaux et dans l’insertion professionnelle des migrants. Ainsi, La coopérative sociale italienne Ruah, créée à Bergame en 2009, fournit une assistance de première ligne, psychologique et sociale, une médiation linguistique et une formation professionnelle à un large éventail de personnes dans le besoin, comme les migrants. Depuis 2014 seulement elle a abrité 1000 personnes, y compris les réfugiés de différents pays, auxquels elle propose des services sociaux et professionnels de manière à favoriser leur autonomie et leur insertion professionnelle.

En 2015, le chômage mondial a atteint 197 100 000 unités – presqu’1 million de plus que l’année précédente et une augmentation de plus de 27 millions depuis la crise de 2007 – et on s’attend à ce que la croissance du chômage dans les pays émergents (en particulier le Brésil et la Chine) s’approche du taux de chômage mondial tandis que le nombre total des chômeurs dans le monde devrait augmenter de 2,3 millions en 2016 http://www.ilo.org/global/research/global-reports/weso/2016/lang--fr/index.htm

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