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À la rencontre des candidats à la présidence de l’Alliance coopérative internationale : Jean-Louis Bancel

04 Nov 2015

 

Consultez ici le dossier de candidature de Jean-Louis Bancel

 

Jean-Louis Bancel est l’un des quatre candidats à la présidence de l’Alliance coopérative internationale. Dans un entretien accordé à Co-operative News, il expose les principaux défis et atouts de ce mouvement mondial. L’Alliance élira un nouveau président lors de l’Assemblée générale de la Conférence mondiale à Antalya (Turquie) en novembre.  

M. Bancel est l’actuel président de Coop FR, l’organisation représentative du mouvement coopératif français. Il dirige en outre le Crédit Coopératif et l’Association internationale des banques coopératives, l’organisation sectorielle bancaire de l’Alliance.  Il fut avant cela à la tête de deux grands groupes d’assurances mutualistes français : GEMA (Groupement des entreprises mutuelles d’assurance) et FNMF (Fédération nationale de la mutualité française).

Évoquant son programme pour l’Alliance, Jean-Louis Bancel déclare qu’en tant que président il concentrerait ses efforts sur trois aspects : la promotion du caractère pluriel de l’esprit d’entreprise au sein du mouvement, le renforcement de la diversité linguistique et culturelle des échanges, et la promotion du modèle coopératif dans les régions manquant d’entreprises coopératives. 

M. Bancel estime que l’Année internationale des coopératives de l’ONU a permis de placer le mouvement sur le devant de la scène, et que de plus en plus de gens voient dans les coopératives un moteur vers une évolution positive.  Néanmoins, il rappelle que dans plusieurs pays à travers le globe les coopératives continuent à faire face à de nombreux défis, notamment à la démutualisation.  

En Italie, les banques populaires se sont détachées des banques coopératives au début des années 2000, tout en conservant certaines caractéristiques propres aux coopératives, notamment le principe « un membre : une voix ».  Au Japon, le gouvernement fait pression sur JA-Zenchu, l’organisation nationale des coopératives agricoles, pour que celle-ci devienne une fondation sans but lucratif avant 2019.  Au Royaume-Uni, The Co-operative Group a également opéré des modifications dans son mode de gouvernance, et certains membres ont fait part de leurs inquiétudes vis-à-vis de la nouvelle structure de l’organisation.  Ces exemples illustrent le fait qu’en dépit des réalisations positives des dernières années, l’Alliance « doit rester vigilante et active dans la promotion des principes coopératifs », explique M. Bancel. 

Il ajoute : « Nous ne devons pas croire qu’il suffit que l’ONU ou l’OIT adoptent des résolutions favorables au secteur pour que nous n’ayons plus de défis à relever ».

M. Bancel estime que les coopératives sont un acteur important pour la réalisation du programme de développement durable de l’ONU, en particulier l’objectif de promotion d’une croissance économique soutenue, inclusive et durable, de plein emploi productif et d’emplois décents.  Selon lui, la garantie d’une consommation et d'une production durables est un autre des objectifs de l’ONU que les coopératives peuvent concourir à réaliser.  

Les coopératives sont non seulement citées dans des déclarations importantes, mais ont aussi été représentées par l’Alliance dans des réunions internationales de haut niveau.  

Le mouvement mondial est riche par sa diversité : il comprend aussi bien de grandes coopératives que de plus modestes, et s’étend en outre à de nouveaux secteurs.  

« En démultipliant la force de nos valeurs, cette diversité du mouvement coopératif constitue un véritable trésor », a-t-il déclaré.

M. Bancel a décrit la manière dont, en France, les coopératives de professionnels jouissent d’une popularité croissante.  « Les grandes coopératives ne doivent pas déprécier les plus petites. Le rôle de l’Alliance est de permettre une inter-coopération entre ces deux groupes. » Le président de Coop FR propose par ailleurs la tenue d’un Congrès coopératif mondial au milieu de la décennie des coopératives.  « Il nous faut appuyer et renforcer le rôle de l’Assemblée générale de l’Alliance en tant que forum privilégié pour l’expression et l’échange entre toutes les coopératives », a-t-il ajouté. 

La gouvernance constitue un autre point important au programme de l’Alliance.  « La gouvernance coopérative se doit d’être transparente », a déclaré M. Bancel.  Pour lui, le rôle de l’organisation consistant à fournir une assistance technique et juridique aux coopératives qui font face au risque de démutualisation sera d’une importance capitale.  Un peu plus tôt cette année, Jean-Louis Bancel a participé au « Groupe contact & études » sur les coopératives agricoles japonaises.

« Les coopératives doivent constamment, toujours plus et toujours mieux, contribuer à répondre aux besoins de l’humanité, aujourd’hui comme demain.  Nous devons agir davantage (à travers la législation, la finance et l’inter-coopération) en faveur de l’élimination des « déserts » de coopératives (pays dans lesquels l’activité coopérative est faible ou excessivement difficile à développer). Devant les aspirations des jeunes générations à une économie plus humaine, nous devons suggérer de nouveaux territoires coopératifs de et pour le développement », a déclaré M. Bancel, ajoutant que le rôle des bureaux régionaux de l’Alliance serait fondamental à cet égard.  

Quant à ce que le mouvement peut apprendre de la France, M. Bancel a mis en avant deux projets auxquels il a pris part. Le 3 décembre, le Crédit Coopératif tiendra une réunion en marge du centre pour la transition climatique à l’UNESCO. Les participants auront la possibilité d’explorer le potentiel des coopératives d’énergie renouvelable, avec des intervenants issus des États-Unis, de France et d’autres pays européens.  Alors que les dirigeants de la planète se réuniront à Paris pour débattre du changement climatique, les coopératives participant à cette réunion parallèle seront également invitées à prendre des engagements. 

S’engager auprès des jeunes est également une question fondamentale pour les coopératives françaises.  Après avoir été élu président de Coop FR, M. Bancel a proposé la mise en place d’un groupe de jeunes coopérateurs.  « De nombreux jeunes ne le savent pas, mais les coopératives sont porteuses de solutions à de nombreux problèmes. »  « L’une des façons de poursuivre la sensibilisation aux réalisations du mouvement est d’impliquer des intellectuels renommés », a-t-il affirmé.  M. Bancel a expliqué qu’à l'instar de nombreuses entreprises se ralliant à l'économie du partage / collaborative au sens large, les coopératives doivent collaborer avec les groupes qui voient la coopération informelle comme une solution, et qui sous-entendent dans le même élan que le modèle coopératif est le mieux à même de mettre ces principes en pratique. 

« Devant les aspirations des jeunes générations à une économie plus humaine, nous devons suggérer de nouveaux territoires coopératifs de et pour le développement », a-t-il ajouté.

 

 

 

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