Pourquoi le futur semble lumineux pour les coopératives de femmes en Turquie

20 Jul 2013

Betsy Dribben, directrice de la politique de l'Alliance Coopérative Internationale, découvre pourquoi l'avenir pour les coopératives de femmes en Turquie n'a jamais été aussi radieux.

Dans une ruelle d'Istanbul, une vitrine présente des serviettes brodées à la main, de beaux foulards et des jouets pour enfants faits main. La boutique, Nahil, est plus qu'une simple exception charmante dans une ville animée. Elle témoigne du mouvement de coopération des femmes turque et de sa fondatrice, Sengul Akcar.

Son parcours vers la coopération a été sinueux. À l'université, elle a étudié l'ingénierie de construction. Son premier emploi concernait l'organisation coopérative de logement à Izmir, en Turquie. L'objectif était de créer 30 000 logements, que chaque personne pourrait concevoir pour répondre à ses besoins. Il s'agissait d'une idée pionnière, mais l'heure n'était pas encore venu pour un tel projet, qui fut un échec et Mme Akcar dut passer à autre chose.

Elle poursuivit une maîtrise en politique publique. Rédigeant un article sur les services de soins à la petite enfance pour les pauvres, elle fut tellement troublée par le manque de services, qu'elle créa la Fondation pour le Soutien du Travail des Femmes (FSTW).

C'était la fin des années 1980, et le mouvement féministe commençait en Turquie. « Nous avons utilisé la force des populations pauvres pour développer FSTW, » se souvient Mme Akcar. « Les femmes pauvres savent des choses. Elles savent comment faire face à la pauvreté, comment travailler ensemble. Elles ont des points forts. »

Elle mit ces forces au travail, mettant en place des programmes pilotes de garde d'enfants et développant ceux déjà en fonctionnement. Dans un programme d'éducation à la petite enfance, les mères fournissaient les services, et non pas des professionnels extérieurs. Elles ont organisé leur centre, mené la campagne de financement et, finalement, offert une formation.

« Alors qu'elles réussissaient, nous en arrivâmes à la conclusion qu'elles devaient être autonomes, et non sous la tutelle du FSTW, » dit-elle. « Nous avons élaboré un ensemble de principes concernant ce que ces mères voulaient. La participation a été importante, il était important de les autonomiser. Une approche démocratique et la transparence faisaient partie de la liste. Nous conclûmes qu'il devrait s'agir d'un modèle coopératif. »

Elles créèrent la première coopérative en 2001. Quatre ans plus tard, elles étaient presque au nombre de 30. Un réseau fut mis en place, ainsi qu'un centre de soutien avec des programmes de formation sur la façon d'organiser, de créer et de gérer des coopératives, y compris la formation au leadership, afin que les membres puissent aborder les questions familiales et communautaires.

Aujourd'hui, il y a plus de 120 coopératives de femmes et l'avenir est prometteur. Les coopératives paient pour leurs propres formateurs. « C'est leur propre entreprise », explique Mme Akcar.

Pour renforcer ce que les coopératives faisaient par elles-même, Mme Akcar fit pression sur le gouvernement turc afin qu'il remplisse sa part. Elle commença par chercher des exemples de coopératives sociales pour observer leur façon de travailler. Elles entrèrent en contact avec des coopératives de femmes en Italie, au Nicaragua et en Suède, et sont encore en contact aujourd'hui.

Grâce à deux dirigeantes politiques femmes au sein du ministère de la Famille et des Politiques Sociales, Faetma Sahin et Askin Asan, cet été, le Parlement turc devrait adopter une loi éliminant les goulets d'étranglement juridiques, contribuant ainsi à la croissance des co-ops de femmes.

Mme Akcar dit: « Les coopératives de femmes en Turquie sont très optimistes. Les femmes des régions pauvres veulent organiser des coopératives. Elles sont prêtes à trouver leur chemin, mais nous avons besoin de cette loi. » Lorsque la loi sera en place, elle estime qu'un million de personnes se joindront aux coopératives de femmes.

Nahil, un mot ottoman pour « prospérité, unité et solidarité », est également en plein essor. Géré par Sule Alpaslan, il fournit à plus de 600 femmes un débouché pour leurs produits artisanaux et présente dix produits de coopératives, y compris du savon, des fruits secs et de l'huile d'olive. Les coopératives affiliées à la boutique sont formées à la manière de rédiger des plans d'activités, entre autres compétences.

La Fondation va également de l'avant. Plus de 1 000 enfants bénéficient désormais de 22 centres de soins de jour au niveau national, et les enfants de familles à faible revenu dans la région d'Istanbul ont accès à des groupes de jeu, des ludothèques et plus encore.

La Banque mondiale a reconnu le succès de la Fondation et en 2007, l'Université Vanderbilt a accrédité son approche de la formation des enseignants et des soins de jour. Les coopératives de femmes en Turquie sont en plein essor, grâce à la vision de Sengul Akcar et les nombreuses femmes prenant part au mouvement ont une attitude décidée et active.

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