Nous tissons des liens

28 May 2015

Par Balu Iyer

Nous tissons des liens ! Voilà le panneau qui accueille les visiteurs du siège d’Odisha State Cooperative Bank de Bhubaneswar en Inde (OSCB, http://www.oscb.coop/homepage.asp)

Je m’y suis rendu à l’invitation de M. Tushar Panda, le directeur général d’OSCB, que j'avais rencontré lors d’une table ronde sur l’amélioration du rôle des banques coopératives dans le financement des initiatives sociales et des entreprises solidaires. M. Panda s’était alors démarqué en insistant sur la nécessité de s'engager avec les membres et de répondre à leurs besoins. À la fin de la séance il m'avait invité à visiter son bureau et à voir leur travail. 

OSCB a été constituée en 1948 au titre de la loi sur les sociétés coopératives (Orissa Co-operative Societies Act) et joue depuis lors un rôle essentiel en ce qui concerne la transformation de l'économie agraire de l'État. La banque compte 2 709 sociétés coopératives agricoles primaires (PACS) au niveau des villages, 17 banques centrales coopératives de districts (DCCB, avec 323 agences) à l’échelon intermédiaire, et son propre réseau de 14 agences à travers l’État. La banque a facilité l'adhésion de 5 369 millions de familles agricoles (97,6 %) sur un total de 5,5 millions que compte l'État. La banque réalise des bénéfices sans interruption depuis 1948. M. Panda m'a fièrement dit : « Chez OSCB, nous détenons toujours la plus grande part de marché concernant les crédits pour les cultures et les décaissements de crédits agricoles généraux, à hauteur respectivement de 70 % et 52 %. »

Sous la direction de M. Panda, OSCB a lancé en 2010 une campagne de porte à porte afin de couvrir ses 5,5 millions de membres – Les coopératives à votre porte. Une démarche indispensable selon lui, afin que les employés d’OSCB connaissent les gens pour lesquels ils travaillent vraiment et pour rendre la banque plus réactive et résistante. En 2012, une campagne de suivi a été menée et simultanément, des efforts ont été déployés pour convertir les PACS en guichets uniques capables de fournir des services aux membres.

OSCB a pu négocier avec le gouvernement et obtenir que les PACS distribuent des parcelles de rizière au nom d’Odisha State Civil Supplies Corporation. Cela a permis d'améliorer la solidité financière des PACS et a indirectement eu un effet sur la rentabilité des banques centrales coopératives (CCB).

OSCB a facilité la délivrance de cartes de crédit Kisan (agriculteur) (KCC) à 4,284 millions d’agriculteurs afin de leur offrir facilement des crédits au moment opportun. OSCB possède une part d'environ 74 % des KCC émises par toutes les banques de l’État, par rapport à une moyenne de seulement 20 % pour la totalité de l’Inde. L’initiative principale d’OSCB est la mise en œuvre du projet Core Banking System (CBS) (à savoir un système bancaire centralisé) dans toutes les banques centrales coopératives (CCB) par la création d’un centre sophistiqué de gestion des données à son siège, qui relie les 355 entités du réseau. OSCB a également conclu un accord avec National Payment Corporation of India pour la délivrance des cartes de débit RuPay. Afin d'atteindre les tribus des régions éloignées, OSCB a acquis 20 fourgons mobiles équipés de distributeurs automatiques et de bornes interactives, et va mettre en place la « Banque sur roues » afin de fournir des services bancaire aux familles tribales.

Même si les réussites d’OSCB sont impressionnantes, les défis restent nombreux. Il était très encourageant de voir des jeunes dans l’assistance lors des réunions du personnel. OSCB a largement restreint son programme de recrutement, ce qui a affecté ses plans de croissance et la planification du remplacement des personnels à tous les niveaux de son organisation. L'arrivée des banques commerciales dans les zones rurales, du fait de la politique du premier ministre Jan Dhan Yojana, pourrait empiéter sur la part de marché d’OSCB au niveau de la distribution des crédits pour les cultures. M. Panda est également inquiet pour les agriculteurs qui n’ont jamais utilisé une carte bancaire de leur vie : comment vont-ils pouvoir éviter une utilisation abusive, parce qu’ils l’ont perdue ou qu’ils ont divulgué leur code secret ? La nécessité pour les PACS de diversifier leur offre de services constitue également un autre domaine de préoccupation. Alors que les distributions de parcelles de rizière ont amélioré les bilans, la poursuite de cette politique par le gouvernement de l'État n'est pas garantie. C’est maintenant qu’il faut renforcer les capacités des PACS à conduire des activités de services aux entreprises et à valeur ajoutée. Selon M. S.K. Kale, directeur général de NABARD, des cellules de développement d'entreprise dirigées par des diplômés en affaires ont été mis en place dans 9 des 17 banques centrales coopératives (CCB) afin d’aider les PACS à établir un plan de croissance. Il reste à voir comment les plans seront mis en action.

En juin 2013, le gouvernement de l’État d’Odisha a promulgué l’Ordonnance d’abrogation des coopératives d’entraide en Odisha, abrogeant la loi sur les coopératives d’entraide de l’Odisha de 2001 ; toutes les sociétés coopératives sont donc tombées sous le coup de la loi de 1962 sur les Coopératives en Orissa. Selon le projet de loi d’abrogation de 2013, les 1634 coopératives d’entraide qui fonctionnent dans l’État devaient modifier leurs règlements administratifs et reconstituer leur conseil d’administration dans un délai de trois mois, conformément à la loi de 1962. Selon M. Sethi, la Loi d’abrogation a contribué à freiner le développement d’investissements selon des schémas de Ponzi qui fleurissaient dans tout l’État.

Quand j’étais là-bas, j’ai eu la chance de rencontrer le professeur L. K. Vaswani de l'école de gestion rurale KIIT School of Rural Management (KSRM, http://www.ksrm.ac.in) et les professeurs B.S. Misra et S. Peppin, de l’institut Xavier Institute of Management de Bhubaneswar (XIMB, http://www.ximb.ac.in). KSRM est le deuxième institut à part entière dans le domaine de la gestion rurale en Inde. Le Professeur Vaswani cherche à mettre sous marque des produits des PACS et encourage une nouvelle génération d’entrepreneurs coopératifs. Nous avons décidé d'explorer davantage ce domaine. L’école Xavier School of Sustainability est la première école de gestion du pays à offrir un Master en gestion du développement durable. L'école prévoit une conférence début juillet afin d’intégrer la durabilité dans l'enseignement du management et d'explorer et de mettre en avant les initiatives de leadership en matière de développement durable dans diverses organisations.