À travers toute l'Afrique, de petits exploitants agricoles sont confrontés à des difficultés dues au changement climatique. En Ouganda, la variabilité climatique nuit aux récoltes et aux revenus des petits exploitants. Les coopératives contribuent à la résolution de certains de ces problèmes en promouvant une agriculture respectueuse de l'environnement.
Les conditions climatiques et biophysiques varient d'une région à l'autre en Ouganda, d'où l'existence de différents modes de culture. Le changement climatique devrait se traduire par des périodes de précipitations abondantes et des épisodes de sécheresse plus extrêmes et plus fréquents. Ces changements risquent de grandement nuire à l'agriculture, à la sécurité alimentaire et aux ressources en eau.
Un rapport d'évaluation rédigé par l'Agence des États-Unis pour le développement international a conclu que les ménages des campagnes ougandaises (qui représentent plus de 80 % de la population) sont vulnérables au changement climatique.
Quelques 3 000 agriculteurs pratiquent une agriculture respectueuse de l'environnement depuis 12 mois. Ils ont ainsi limité le labourage et eu recours au paillage en recouvrant les cultures, afin de lutter contre l'évaporation de l'eau. Par ailleurs, l'eau a été collectée et stockée pour s'en servir en période sèche, et des poêles consommant peu d'énergie ont été installés. Les pratiques agroforestières ont également été promues. Certes, ces mesures ne suffiront pas à surmonter tous les obstacles liés au changement climatique, mais elles devraient permettre d'atténuer la vulnérabilité des agriculteurs.
Samuel Sentumbwe est coordinateur de projets agricoles respectueux de l'environnement pour l'Alliance coopérative ougandaise. Dans un article écrit pour l'International Co-operative Agriculture Organisation (Organisation internationale pour l'agriculture coopérative), il explique la façon dont ces mesures ont contribué à une amélioration de 50 % des moyens de subsistance des agriculteurs membres de la coopérative locale (Area Cooperative Enterprise) de Malongo et Kasambya. Mujuni Herbert, âgé de 62 ans, est l'un de ces agriculteurs ayant bénéficié du programme. « Quand j'étais enfant, on allait chercher du bois de chauffe pour préparer à manger. Jusqu'aux années 1990, il y avait toujours du bois, puis la majorité des forêts a été rasée car les villageois s'en servaient de plus en plus. Aujourd'hui, on est obligé d'acheter du bois de chauffe car la plupart des forêts, où le bois était gratuit, ont disparu », a-t-il déclaré.
Grâce au soutien de l'Alliance coopérative ougandaise et de la Fédération des agriculteurs d'Afrique de l'Est, les agriculteurs ont appris à fabriquer et à utiliser des poêles consommant peu, et à faire des briquettes de charbon à partir des déchets de leurs cultures. « J'ai installé deux ensembles de poêles économes en énergie, ce qui m'a permis de diminuer de près de 50 % mes dépenses en bois de chauffe », a expliqué M. Herbert. Désormais, plusieurs membres de la coopérative utilisent en outre des variétés d'arbres précoces pour le bois de chauffe. Ces arbres deviennent adultes en deux à trois ans, contre 10 ans pour d'autres espèces.
« Ce projet pilote est financé par l'Agence norvégienne de coopération pour le développement, et montre bien que les solutions apportées par les pratiques d'agriculture respectueuses de l'environnement fonctionnent. Néanmoins, il est nécessaire que ces pratiques soient développées et améliorées pour que d'autres communautés en bénéficient, dans le cadre de stratégies globales d'atténuation du changement climatique », a précisé M. Sentumbwe.