L’OIT examine le potentiel des coopératives pour l’émancipation des travailleurs domestiques migrants

18 Dec 2014

La contribution des coopératives au monde du travail est un sujet de plus en plus étudié par les universitaires du monde entier. En novembre, l’Organisation internationale du travail (OIT) et le comité de recherche de l’Alliance coopérative internationale organiseront conjointement une conférence de recherche à Antalya en Turquie.

Cet événement donnera l’occasion aux chercheurs d’examiner les problèmes associés au rôle que jouent les coopératives dans la lutte contre le chômage, l’injustice et les inégalités sur le marché du travail.

Ce mois-ci, l’OIT organise également une conférence à Amman en Jordanie, pendant laquelle des experts et des universitaires étudieront le niveau d’organisation formelle des travailleurs domestiques migrants dans les États arabes.

Dans le cadre de sa « Regional Advocacy Strategy on ILO’s Domestic Workers C. 189 Action in the Middle East » (stratégie de plaidoyer régionale au Moyen-Orient sur la convention n°189 de l’OIT relative aux travailleurs domestiques), l’OIT a réalisé une étude approfondie intitulée « Cooperating out of isolation: the case of migrant domestic workers in Lebanon, Jordan and Kuwait » (Coopération pour sortir de l’isolement : le cas des travailleurs domestiques migrants au Liban, en Jordanie et au Koweït).

Cette étude, qui sera présentée lors de la conférence, révèle que de nombreux travailleurs domestiques migrants souffrent encore d’isolement et jouissent d’une liberté de circulation limitée. Ces problèmes les empêchent de s’organiser collectivement. Même s’il existe des initiatives communautaires et des réseaux informels, ils demeurent encore en grande partie ignorés.

L’étude de l’OIT vise à analyser les cadres politiques et législatifs en vigueur, les structures institutionnelles et les initiatives basées sur l’adhésion grâce auxquels les travailleurs domestiques bénéficient d’un espace pour s’organiser économiquement au Moyen-Orient.

Deux millions de travailleurs domestiques vivent actuellement au Moyen-Orient. Les coopératives peuvent les aider à obtenir des conditions de travail décentes et des niveaux de rémunération équitables, ainsi qu’à bénéficier de services, de formations et de meilleures possibilités d’emploi.

La législation peut s’avérer problématique dans certains États. En Jordanie, aucune loi n’interdit l’adhésion de membres étrangers à une coopérative. Néanmoins, une coopérative ne peut être créée que si l’ensemble de ses membres sont jordaniens. De même, il faut au moins 50 ressortissants koweïtiens âgés de plus de 21 ans pour créer une coopérative au Koweït. Il n’existe aucune restriction quant à la nationalité des membres d’une coopérative au Liban, à condition que la participation des membres soit conforme aux exigences en matière de permis de travail et de parrainage.

Le rapport de l’OIT comprend plusieurs recommandations visant à créer un environnement plus favorable pour les coopératives, afin de valoriser les travailleurs migrants de la région. L’OIT propose notamment de soumettre complètement les travailleurs domestiques et les travailleurs domestiques migrants au droit du travail. Elle recommande également la ratification de la convention de 2011 sur les travailleurs domestiques et de la Convention de 1948 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical.

Photo: les travailleurs domestiques de la coopérative Si se Puede

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