Nouvelles des régions : Asie-Pacifique

28 Jun 2015

La Mongolie se classe à la 42e place sur 142 pays dans l'indice mondial d'écart entre les sexes 2014 publié par le Forum économique mondial. Elle s’en sort beaucoup mieux que certains pays plus avancés, tels que le Japon et la Chine. Les Mongoles sont bien classées en termes de participation économique, d’enseignement supérieur, de santé et de survie. La notion de supériorité des hommes persiste néanmoins malgré les nombreux indicateurs qui reflètent un environnement politique et socio-économique favorable à l’égalité des sexes en Mongolie. Cet aspect est apparu de manière évidente dans la participation et la dynamique de groupe observées lors de la Formation des formateurs, un événement organisé par l’Alliance coopérative internationale pour l’Asie et le Pacifique (ACI-AP) en collaboration avec l’Association nationale des coopératives agricoles de Mongolie (NAMAC). La formation a eu lieu du 11 au 15 mai à Oulan-Bator, et était axée sur le renforcement des capacités de gestion des femmes dans le développement des coopératives.

Six participants sur 26, issus de différentes provinces de Mongolie, étaient des hommes. Les participants étaient divisés en quatre groupes et les hommes ont été répartis dans des groupes distincts. Il a été demandé aux participants d’élire un chef de groupe ; les femmes qui se trouvaient dans le même groupe qu’un homme ont automatiquement choisi l’homme en question comme chef de groupe. « Nous confions le leadership aux hommes par habitude. Il faudra du temps pour changer cette habitude », ont-elles expliqué.

La formation consistait en des cours, des exercices pratiques et des visites sur le terrain. Les sessions ont été réparties sur quatre jours : la perspective de genre et les projets en Mongolie par Mme Purevsuren Bolormaa, OIT, Mongolie ; document sur la situation des coopératives en Mongolie par M. Temuujin, président-directeur général, NAMAC ; l’initiative hommes-femmes de l’Alliance et le développement du leadership des femmes dans les coopératives : une perspective mondiale par Mme Savitri Singh ; les compétences de leadership, la gestion personnelle et la gestion financière pour les femmes dirigeantes par Mme Daisybelle Cabal, responsable de l’éducation, des formations et du conseil, Confédération nationale des coopératives, Philippines ; Suivi et évaluation des projets de développement des coopératives, de l’identité des coopératives et de la gestion des coopératives par M. Balu Iyer ; et la gestion financière des coopératives par Mme Delgermaa, experte en gestion financière de la Confédération des syndicats de Mongolie (MOCCU) et Mme Uyanga, membre du sous-comité de la coopération MOCCU.

Les participants ont également visité la coopérative de la zone urbaine Uvur-orgioch, située près d’Oulan-Bator. Cette coopérative est dirigée par un président entreprenant, Byambasuren, et gère une exploitation laitière prospère. Les 36 membres (7 femmes et 29 hommes) de la coopérative récoltent le lait auprès de membres et de non-membres. Ils le transforment ensuite localement en yaourt, fromage et glace, auxquels ils donnent la marque de la coopérative (Masha) pour finalement les vendre aux consommateurs à Oulan-Bator. « Nous avons commencé en tant qu’organisation informelle en 2006 avec l’aide de World Vision. Lorsque nous avons décidé d’officialiser notre organisation, nous avons étudié les différentes options et opté pour une coopérative (en 2008), car les membres d’une coopérative en sont les propriétaires et profitent directement des recettes. Notre coopérative est devenue prospère parce que nous ciblons des produits qui fonctionnent (nous avons abandonné la production avicole et porcine) et des produits à valeur ajoutée (produits laitiers plutôt que simplement du lait) », a expliqué Byambasuren au groupe de visiteurs.

La coopérative a commencé avec neuf membres qui ont apporté une contribution de 100 000 tugriks mongols (MNT) et versé des frais de cotisation non récurrents de 25 000 MNT. Le chiffre d’affaires de l’exploitation laitière s’élève à 120 000 MNT. Outre l’installation laitière, la coopérative dispose d’une serre pour la production de légumes et organise des formations sur la transformation du lait, la culture de légumes et l’artisanat.

« La session sur la dimension hommes-femmes m’a ouvert les yeux. Je compte en parler à mes membres dès mon retour, et voir comment je pourrais améliorer les choses », a déclaré M. Ganbold, directeur de la coopérative Darkhan Noos (production de laine). Dungamaa, de la coopérative laitière de Selenge, a quant à lui expliqué : « Nous vendions du lait à un entrepreneur qui a résilié son contrat récemment à cause de la surproduction. Si nous étions capables de fabriquer des produits laitiers comme le fait la coopérative d’Uvur Orgioch, nous nous en sortirions bien mieux. J’ai beaucoup appris de cette visite et de cette formation. » « Dans notre coopérative, les femmes sont très actives », explique Oyun, responsable de Shireet Khugjil dans la province de Töv. « Cette formation et la visite de la coopérative m’ont permis de réfléchir à l’élargissement de la commercialisation de nos produits. »
 

La gestion des coopératives de consommation

Le 15e atelier de l’Alliance coopérative internationale pour la région Asie-Pacifique, portant sur « la gestion des coopératives de consommation »s a été organisé par le Comité des consommateurs de l’ACI-AP à Singapour du 2 au 5 juin 2015. L’atelier s’est déroulé dans les locaux de NTUC Fairprice (Singapour) et 14 coopérateurs issus de Malaisie, de Corée du Sud, du Sri Lanka et du Viêt Nam y ont participé. L’objectif de ces quatre jours de formation était de faire comprendre le rôle socio-économique des coopératives de consommation et l’utilisation des réseaux sociaux, et d’établir un réseau international de responsables et directeurs de coopératives de consommation.

Seah Kian Peng, directeur exécutif de NTUC Fairprice et membre du Conseil de l’Alliance mondiale, a donné une présentation dans le cadre de cet atelier. Les participants ont également visité quatre magasins de NTUC Fairprice, afin de comprendre les différents aspects des activités de vente au détail, de l’achat, du marchandisage et du commerce international, de la gestion de la chaîne d’approvisionnement et de l’utilisation pratique des réseaux sociaux. 

« Cet atelier m’a permis de mieux comprendre la gestion d’une coopérative de consommation et la diversité des coopératives de consommation qui existent dans la région Asie-Pacifique. J’ai pu élargir ma vision des choses », a déclaré un participant.

Népal : des portes sans murs

Par Balu Iyer

Alors que nous roulions vers Dhading, la route principale a soudainement été envahie de gens. Certains regardaient les bâtiments avec anxiété et d’autres parlaient de manière agitée à leur téléphone portable. Une secousse de magnitude 4,8 venait de frapper et les habitants s’étaient précipités dehors. Plus de 49 secousses secondaires ont été mesurées à plus de 4 sur l’échelle de Richter (deux au-dessus de 7, deux au-dessus de 6, 16 au-dessus de 5 et 29 au-dessus de 4). Les secousses en dessous de 4, qui se comptent par centaines, ne sont pas signalées. Meena Pokharel et Rudra Bhattarai, de la Fédération Centrale Coopérative Agricole Nationale (NACCFL), et Babul Khanak, de la Fédération coopérative nationale du Népal (NCF/N), m’accompagnaient dans la jeep. Ils ont immédiatement pris leur téléphone pour savoir si leurs proches allaient bien. « Tu peux imaginer notre état mental », m’a expliqué Rudra Bhattarai. « Un mois après la première grosse secousse et deux semaines après la seconde, nous n’arrivons pas à remettre de l’ordre dans nos vies. Dès que nous pensons que nous pouvons retrouver une vie normale, quoi que cela veuille dire, une nouvelle secousse frappe ».

Le district de Dhading borde Katmandou et est à moins de 32 km à vol d’oiseau. Le terrain montagneux et l’état des routes rallongent néanmoins les trajets d’un endroit à un autre. Certains villages de Dhading ont été très touchés par le tremblement de terre, en raison de leur proximité avec l’épicentre. Le premier village que nous avons visité, Jiwanpur, était en ruine. De nombreuses maisons s’étaient effondrées, certaines étaient à moitié démolies et seules quelques-unes tenaient encore debout. De nouvelles structures temporaires étaient installées à côté des ruines. Certaines structures avaient un toit en bâches de polyéthylène et d’autres en tôle ondulée. L’immeuble de la Small Farmers Agricultural Co-operative Limited (SAFCL) tenait toujours debout, mais le bâtiment voisin qui accueillait le personnel s’était effondré. Heureusement, personne n’a été blessé. Le président Ramesh, qui est enseignant, nous a raconté : « Dans le CDV (un comité de développement villageois est l’unité administrative de base au Népal, dont l’objectif est d’organiser les villageois au niveau local et de créer un partenariat entre la communauté et le gouvernement pour un meilleur système de prestation de services), seules 24 maisons sur 2 400 sont toujours habitables. De nombreuses maisons semblent parfaitement stables de l’extérieur, mais des fissures se sont formées et les habitants ont peur de rester à l’intérieur. Nous recevons de l’aide de la NACCFL et d’une ONG locale. C’est tout ». Toutes les écoles du village, à l’instar des écoles des autres districts touchés, ont été fermées jusqu’à la fin du mois. Bon nombre de ces écoles ont été endommagées et celles qui n’ont pas été démolies sont utilisées pour accueillir les personnes déplacées. Nous nous sommes rendus dans un deuxième village, Chhatre Dyaurali. L’histoire de ce village était très similaire à celle du précédent : 90 % des maisons étaient endommagées et le bétail a également été touché. M. Krishna Luitel, le président de la société, a déclaré : « Nous utilisons le matériel que nous avons pour reconstruire nos maisons. Nous envisageons d’accorder des prêts à partir des fonds de la société, pour aider nos membres à acheter du matériel ». La principale source de subsistance est l’agriculture, une activité qui s’est poursuivie, et les villageois ont continué de cultiver des légumes et de fournir Katmandou et d’autres lieux. Il était poignant de voir, dans de nombreux endroits, des portes sur la route, sans murs pour les soutenir.

J’ai visité la NCF/N le matin du 20 mai et ai été accueilli par le président Keshav Prasad Badal. La première chose qu’il m’a montrée, c’était les fissures qui s’étaient formées sur les murs extérieurs de leur nouveau bâtiment inauguré un an plus tôt. À mesure que nous visitions chaque étage et chaque pièce, des signes visibles témoignaient des effets du tremblement de terre. « Il y a des fissures à de nombreux endroits, mais l’intégrité structurelle du bâtiment est préservée, donc tout va bien », explique M. Badal. « Je ne peux pas en dire autant pour les milliers d’autres bâtiments ». La NCF/N représente environ 27 000 coopératives à travers le pays, soit 4,7 millions de membres. Elle compte 18 unions coopératives au niveau central (consommation, épargne et crédit, exploitation laitière, agriculture, apiculture, culture de fruits et légumes, agrumes, thé, canne à sucre, santé, café, herbes, électricité, multi-usage, information et communication, pêche, graines et tourisme), une banque coopérative nationale, 302 unions coopératives au niveau des districts et 12 membres associés.

Lors de ma réunion avec le personnel et le conseil d’administration de la NCF/N, j’ai été informé de l’ampleur de la situation et des travaux réalisés par le comité, les effectifs et les membres de la NCF/N. Dans l’heure qui a suivi la secousse, la NCF/N a lancé un appel à tous ses membres. De l’autre côté de la frontière, l’IFFCO en Inde était prête à réagir. Dans une conversation téléphonique entre M. Badal et le Dr Awasthi, docteur en médecine de l’IFFCO, et M. Aditya Yadav, membre du conseil d’administration international de l’Alliance, un plan a été établi pour envoyer 10 000 kits de matériel de secours comme première mesure d’urgence. Un lot de secours fournit à une famille ce dont elle a besoin pour vivre une semaine : bâches en polyéthylène, matelas, couvertures, dhotis, saris, riz, légumineuses, sucre, sel, pois chiches rôtis, safran, thé, lait en poudre, vinaigre, boîte d’allumettes, bougie. Ces paquets ont été préparés dans l’un des bâtiments de l’IFFCO en Inde et transportés par camion de l’autre côté de la frontière. Ils ont ensuite été réceptionnés par les effectifs de la NCF/N, dédouanés puis distribués dans les districts touchés. Dans la plupart des cas, le matériel a été distribué via l’Union coopérative des districts, le service administratif des districts et la commission centrale pour les catastrophes naturelles. La NCF/N est en train de recueillir les données des districts touchés, transmises par ses unions. Selon les chiffres, plus de 1 000 membres coopératifs ont été tués, 50 000 ont été blessés et des milliers de bâtiments coopératifs et maisons ont été endommagés.

Dans l’après-midi, j’ai visité la NACCFL, l’organisation parapluie des SFACL. Il existe 611 SFACL dans 68 districts à travers le pays, soit plus de 615 000 membres. La mission de la NACCFL est de fournir des services non financiers appropriés à ses organisations membres, pour le développement socio-économique et institutionnel. Une enquête de la NACCFL indique que 440 membres ont été tués et 925 ont été blessés ; les bureaux de 72 SFACL ont été endommagés ; 85 000 maisons se sont effondrées ; 30 000 maisons ont été endommagées et 145 000 têtes de bétail ont péri.

Grâce à l’aide de ses membres, la NACCFL a fourni des kits de secours, des médicaments, et a sorti plusieurs personnes des débris/décombres de 85 CDV. Dans la seconde phase, les efforts porteront sur la construction (bureaux, entrepôts, membres, bétail), les activités génératrices de revenus, la distribution de graines, l’achat de bétail et les formations. Toutes les personnes intéressées peuvent bénéficier de l’aide de la NACCFL.

La visite la plus dramatique était celle de la ville historique de Bhaktapur. Lors de mes précédentes visites, cette ville était remplie de touristes et bourdonnait d’activité. Cette fois-ci, les touristes se comptaient sur les doigts de la main et les cafés habituellement animés étaient vides. Nous avons visité les locaux de la coopérative d’épargne et de crédit locale Samuhik (SACOS). Les locaux et les bâtiments voisins étaient gravement endommagés. Quatre semaines après le tremblement de terre et des activités de nettoyage par la communauté, la ville ressemblait toujours à une zone de combat. L’arrière-salle au deuxième étage où se trouvait la banque a été endommagée. La banque a donc été déplacée au rez-de-chaussée. « Nous avons vite revu l’organisation des locaux pour reprendre nos activités », m’a expliqué Dhanesh, la secrétaire. « Nous ne voulions pas que nos membres en pâtissent. Et puis recommencer à travailler nous procure un sentiment de retour à la normale ». Le comité de gestion des SACOS s’est réuni récemment dans la maison louée par le président (sa maison a été endommagée), afin de décider des prochaines étapes. Les membres du comité ont décidé de reporter les pénalités relatives aux paiements en retard, afin d’aider les membres (y compris ceux qui épargnent pour leurs enfants) qui ont péri et de trouver des solutions pour accorder des prêts de reconstruction aux membres. Ils ont récolté des données et les ont transmises à leur fédération nationale.

L’arrivée de la mousson dans trois semaines pourrait gravement menacer les moyens de subsistance des habitants, ainsi que leur domicile, leurs installations sanitaires et leur santé. Le gouvernement a déclaré l’état d'urgence et a exercé son autorité pour que le fonds de secours du premier ministre soit investi dans des projets de reconstruction. Le gouvernement a jusqu’à présent été incapable de se coordonner et de supprimer les goulets d’étranglement dans la fourniture de l’aide. La plupart des Népalais souhaitent entamer la construction de leur maison avec leurs propres ressources et le soutien d’initiatives locales. Pour procéder à la reconstruction des bâtiments, nos membres coopératifs doivent travailler en coordination avec le gouvernement. Les membres nationaux de l’Alliance évoluent à l’échelle nationale et sont très présents dans les villages. Ils ont donc un rôle important à jouer pour influencer le gouvernement et canaliser les efforts de reconstruction. Une tâche colossale les attend. Ils pourraient envisager d’accorder des prêts à des membres afin qu’ils puissent réaliser les travaux de construction directement. Il existe d’autres possibilités : fournir une aide en faveur d’activités génératrices de revenus, pour l’achat de bétail et l’approvisionnement des cultivateurs en graines, entre autres. Sur la scène internationale, nos membres ont apporté leur soutien via des dons. Des dons en nature et une assistance technique pourraient également être envisagés.

J’ai rencontré le Dr Awasthi dans son bureau aujourd’hui pour les remercier, lui et l’IFFCO, d’être intervenus rapidement. Il a déclaré que les coopératives devaient prêter main-forte aux coopératives, et que c’est précisément ce qu’ils ont fait. Je lui ai répondu que nos membres népalais envisageaient de distribuer des graines et souhaitaient bénéficier de leur aide pour ce faire. Le Dr Awasthi a répondu qu’ils avaient leur soutien.

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