L'ACI et le G20 : « Il est extrêmement important que le mouvement soit présent autour de la table »

28 Jun 2021

Le président, le vice-président et le facilitateur du groupe de travail de l'ACI sur le G20 expliquent la participation/l'engagement des coopératives dans les discussions du G20

En avril, l'Alliance coopérative internationale a mis en place un groupe de travail pour le G20 (GT G20), qui collabore avec des membres de l'Alliance coopérative italienne pour contribuer aux discussions du G20, en impliquant notamment les groupes de travail Business 20 (B20) et Civil Society 20 (C20). Le concept moteur du GT G20 de l'ACI est de faire avancer les priorités du mouvement coopératif, de rehausser son engagement dans les délibérations du G20 et de tenter de s'engager dans des efforts de sensibilisation beaucoup plus vastes et coordonnés.

Le G20 est un forum international de coopération économique qui rassemble des dirigeants et des représentants de tous les continents ainsi que des gouverneurs de banques centrales, pour relever collectivement les défis les plus importants et proposer des solutions percutantes pour le monde entier. L'Alliance coopérative internationale participe aux groupes d'engagement du G20 depuis 2014 avec des représentants dans les groupes de travail et contribue activement aux discussions et à la préparation des documents. L'Italie assure cette année la présidence du G20. Le sommet des chefs d'État et de gouvernement du G20 se tiendra à Rome les 30 et 31 octobre 2021.

Plus de 30 représentants des membres de l'ACI provenant de 16 pays membres du G20 et de l'Union européenne participent au GT G20 de l'ACI.

Nous nous sommes entretenus avec Howard Brodsky, président du nouveau groupe de travail G20 de l'ACI pour en savoir plus sur le rôle du groupe et sur les contributions que les coopératives peuvent apporter aux délibérations du G20. M. Brodsky est co-fondateur, président et co-directeur général de CCA Global Partners aux États-Unis. Il a été le récipiendaire 2019 du Rochdale Pioneers Award.

Nous avons également discuté avec Giuseppe Guerrini, président de la CECOP et avec Danila Curcio, responsable des relations internationales à Confederazione qui ont expliqué pourquoi le mouvement doit s'engager avec le G20.

Pourquoi est-il important que les coopératives participent aux délibérations du G20 ?

Howard Brodsky : Le G20 est le premier forum de coopération économique internationale. Il joue un rôle essentiel dans la création et la mise en place d'un environnement propice à une croissance et un développement mondiaux inclusifs. Les pays du G20 représentent 90 % du produit mondial brut, 80 % du commerce mondial et 75 % de la population mondiale. Il est extrêmement important que le monde coopératif ait un siège autour de la table et fasse partie des décisions politiques pour comprendre la valeur cruciale que les coopératives peuvent apporter à une économie plus inclusive. Les coopératives sont un vrai capitalisme avec une conscience. Les coopératives, de par leur nature même, accordent la priorité aux personnes et non au profit, ce qui est nécessaire dans le monde d'aujourd'hui.

Très peu de dirigeants mondiaux comprennent que les coopératives jouent aujourd’hui un rôle aussi important dans notre économie, avec plus d'un milliard de membres et employant plus de 280 millions de personnes, ce qui représente 12 % de la main-d'œuvre mondiale. 

La pandémie n'a fait qu'accroître l'écart de richesse dans le monde. La structure coopérative, par sa nature même, traite de la répartition des richesses et du contrôle démocratique.

Danila Curcio et Guseppe Guerrini : Le C20 offre une plateforme aux organisations de la société civile du monde entier pour susciter un dialogue politique avec le G20. Son processus implique un large éventail d'organisations et de réseaux bien au-delà des pays du G20. Cette année, c’est plus de 500 participants parmi lesquels l'Alliance coopérative internationale et l'Alliance coopérative italienne. Le C20 agit comme le chien de garde du G20 en veillant à ce que la voix de la société civile, constituée de réseaux, d'organisations et d'ONG, soit entendue et prise en considération par les chefs d'État du G20.

Cela dit, nous, en tant qu'Alliance coopérative italienne, avons participé pour la première fois aux huit groupes de travail du C20 avec la participation active de près de 30 collègues qui ont non seulement participé à toutes les réunions du GT mais ont contribué à la rédaction de documents politiques dans chaque groupe de travail.

En plus de cela, le mouvement coopératif italien a travaillé ensemble, dans un processus de partage continu, avec l'Alliance coopérative internationale. En fait, l'ACI a pour la première fois mis en place un sous-groupe de travail dédié au G20 C20 pour suivre de près la machine politique complexe du G20 et pour recevoir les commentaires et propositions des organisations membres de l'ACI.

Dans ce contexte politique complexe et à plusieurs niveaux, nous pensons que notre réponse à la première question est de souligner la pertinence négligée des participants de l'Alliance coopérative italienne dans les huit groupes de travail du C20. C'est une façon incroyable de promouvoir le modèle coopératif et de le rendre plus visible dans un tel milieu international et de mettre en évidence ses principes et ses objectifs à travers l'énorme quantité de documents produits par les groupes de travail du C20. C'est pourquoi nous aimerions parler de la promotion du modèle coopératif lors du G20 2021.

Quel sera l'axe principal du groupe de travail ACI G20 ? 

Howard Brodsky : Lors des précédentes réunions du G20, dans le rapport final, les coopératives ont été incluses dans le cadre de la réponse aux défis actuels de notre monde. Les gouvernements du G20 doivent savoir qu'une politique gouvernementale et fiscale qui inclut la structure coopérative peut aider à bâtir une économie encore plus forte qui réponde à bon nombre des problèmes auxquels le monde est confronté.

Danila Curcio et Guseppe Guerrini : Nous pensons que son objectif principal est allé de pair avec le travail des participants italiens : il change donc constamment en fonction des différentes étapes demandées dans chaque groupe de travail du C20. 

Dans l'ensemble, nous pourrions dire qu'une évolution vers une stratégie de visibilité est nécessaire pour mieux diffuser les objectifs et les principes du mouvement coopératif dans le contexte donné des groupes de travail politiques du C20.

Qu'attendent les coopératives des groupes de travail ? 

Danila Curcio et Giuseppe Guerrini : Les coopératives ont été représentées en personne dans chacun des huit groupes de travail du C20 dans lesquels les participants italiens et internationaux ont vigoureusement défendu leur valeur et leur grand soutien pour la promotion d'un modèle durable centré sur les personnes en promouvant leur bonnes pratiques et leurs propositions. Il s'agit sans doute d'une grande réussite si l'on considère que dans le passé la sensibilisation s'est faite par des moyens plus consolidés, par l'envoi de lettres ou de déclarations politiques aux ministères compétents accueillant le G20.

Les représentants des coopératives participent à l'ensemble des huit groupes de travail du C20 : comment peuvent-ils influencer les délibérations ? 

Howard Brodsky : Nous vivons dans un monde où il existe deux types de pauvreté : la pauvreté économique et la pauvreté de l'espoir. Parce que le modèle coopératif répond à ces deux problématiques, nous devons montrer aux pays du G20 que la promesse d'une société plus inclusive est plus à notre portée. Avec autant de personnes financièrement laissées pour compte et avec peu d'espoir pour une vie meilleure, la voie actuelle de nombreux pays n'est pas durable. Les coopératives responsabilisent les gens et sont une force du bien.

Les coopératives sont un excellent égalisateur. Il est moralement impératif que les coopératives aient une voix à la table. Le groupe de travail coopératif du G20 représente les principaux pays ainsi que les dirigeants d'importantes coopératives à travers le monde. Il détermine significativement le rôle que les coopératives peuvent jouer dans la résolution des problèmes auxquels nous sommes confrontés. Nous pouvons surmonter les grands défis d'aujourd'hui : de la pandémie et du changement climatique à la pauvreté et aux inégalités. Parce qu'il s'agit du premier groupe de travail formel dans le cadre de l'Alliance coopérative internationale, cela nous donnera une excellente base, non seulement au G20 de cette année, mais aux futurs G20, pour reconnaître le rôle des coopératives et intégrer le modèle coopératif dans les rapports finaux.

Danila Curcio et Giuseppe Guerrini : Nous organisons un webinaire pour permettre à tous les membres de mieux comprendre le fonctionnement du G20 avec un accent particulier mis sur le C20. Lors du Sommet de la société civile du 5 octobre, l'Alliance coopérative internationale et l'Alliance coopérative italienne organisent un événement parallèle : une excellente occasion d'atteindre un public plus large et de promouvoir le coopérativisme en organisant une réunion politique de haut niveau.

Ainsi, à la lumière de ce qui vient d'être dit, nous pensons que cette question ne peut pas avoir de réponse directe. Nous voudrions nous concentrer sur la complexité du travail qui est toujours en cours. Si nous prenons en considération les principes directeurs du Groupe d'engagement de la société civile pour le G20, le mot délibérer doit être remplacé par PARTICIPER, ce qui signifie un travail de sensibilisation constructif et des actions mises en pratique dans les activités quotidiennes qui doivent être menées pour suivre les nombreux engagements des huit groupes de travail du C20.

Quel rôle les coopératives peuvent-elles jouer dans la résolution de certains des défis mondiaux post-pandémie ? 

Danila Curcio et Giuseppe Guerrini : Les coopératives en Italie continuent de soutenir, par leur travail et leurs efforts inlassables, les communautés dans toutes les régions italiennes. Elles sont devenues de plus en plus des points de référence – en particulier dans les secteurs de l'aide sociale – en apportant un soutien aux personnes défavorisées, aux mineurs et aux femmes, aux malades mentaux et aux immigrés. Pendant les périodes les plus difficiles de l'épidémie de la Covid-19, les coopératives italiennes ont été parmi les plus grands donateurs de nourriture pour les nombreuses personnes appauvries qui se sont retrouvées sans emploi.

Si nous pouvons penser à un effet positif de cette pandémie, nous devons souligner le fait que le travail et l'engagement des coopératives sont devenus plus visibles et tangibles pour le grand public ainsi que pour les institutions italiennes. L'Alliance coopérative italienne a travaillé en étroite collaboration avec les institutions italiennes en leur apportant le soutien du mouvement coopératif afin de ne laisser personne de côté et d'apporter toute l’aide nécessaire. Les coopératives ont travaillé pour soulager les souffrances et le grand inconfort de la population italienne.

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