Raj Patel : la valeur des riens et la nécessité d’un autre modèle d’entreprise

01 Dec 2015

Écrivain primé, Raj Patel a commencé son discours à la Conférence mondiale de l’Alliance à Antalya en évoquant la manière dont les Équitables Pionniers avaient fondé le mouvement coopératif contemporain en raison de leur incapacité à accéder à des aliments à bas prix. 

Son dernier ouvrage, The Value of Nothing (littéralement « La valeur des riens »), invite le lecteur à repenser les notions de valeur en mettant davantage l’accent sur les ressources nécessaires pour survivre, plutôt que de faire monter le coût des choses dont on peut se passer. Raj Patel plaide pour des modèles décentralisés de démocratie économique, comme le sont les coopératives. 

« Je me sens concerné par le mouvement coopératif. Je fais mes courses dans des magasins coopératifs, je me déplace dans des taxis coopératifs, ma maison appartient à une coopérative et je bois de la bière coopérative », a déclaré Raj Patel.

L’un des produits les plus communément vendus par les Pionniers était du thé.  Le sucre nécessaire pour le thé était obtenu grâce à la colonisation, à l’exploitation et à l’esclavage. Le commerce du thé était également financé par de l’opium indien vendu en Chine, a rappelé Raj Patel. 

« C’est dans cet environnement qu’est né le mouvement coopératif, afin d’aider les travailleurs à survivre et de penser en grand.  L’alimentation était au cœur des premières coopératives. »

Selon M. Patel, l’alimentation bon marché dépend de six conditions: des combustibles bon marché, une nature bon marché, des services bon marché, des vies bon marché, des travailleurs bon marché et des crédits bon marché. 

« Nous avons besoin de combustible bon marché pour obtenir des aliments bon marché: il faut 10 calories de combustible fossile pour produire une calorie d’aliment », a-t-il déclaré. Les services bon marché sont un autre facteur explicatif.  « Les travaux de nettoyage, d’approvisionnement en combustible, de transport de l’eau, tout cela n’est pas payé dans le système économique actuel, pourtant ce travail a une grande valeur », a expliqué le professeur. 

Les crédits bon marché perturbent également le prix des denrées alimentaires. « Les pays en mesure d’accorder des crédits sont également les pays les plus puissants », a-t-il déclaré.  « Les crédits bon marché ont un effet dévastateur sur les activités économiques.  

Quant aux vies bon marché, le problème ne provient pas seulement du fait de considérer les individus comme des marchandises jetables, mais également de considérer les cultures comme étant, elles aussi, jetables », a-t-il ajouté.  « Les céréales sont le résultat de milliers d’années de sélection par les peuples et les cultures indigènes, qui sont détruites.  Vous ne pouvez vivre dans un monde d’hamburgers McDonald qu’à condition de croire qu’il est bon de les manger », a-t-il poursuivi. 

Le travail à bas coût influence lui aussi le prix des aliments.  « Les premières coopératives aidaient les travailleurs à survivre, a expliqué Raj Patel. Proposer un salaire décent dans la restauration rapide ou pour les travailleurs de la santé serait une reconnaissance de la dignité de leur travail. »

« Que pouvons-nous faire de ces sept éléments bon marché? Le Plan d’action pour une décennie des coopératives nous indique comment aller de l’avant. Ce que nous offrent les coopératives, c’est un espace pour rêver en grand, pour nous découvrir nous-mêmes.  Les coopératives sont un lieu d’apprentissage de gouvernance mutuelle. 

Il nous faut accueillir beaucoup plus de militants; de très nombreux groupes accueillent des militants », a-t-il déclaré. « Dans notre lutte contre les vies bon marché, intéressons-nous aux mouvements indigènes qui s’opposent à l’extraction minière et de combustibles. » 

Les coopératives peuvent selon lui participer à la transition vers les énergies renouvelables.  « Nous avons la possibilité de sortir des combustibles fossiles, et non pas seulement de voir BP et Shell cesser de vendre des combustibles fossiles pour vendre des panneaux solaires. Nous avons besoin d’un modèle beaucoup plus décentralisé: qui peut le permettre, sinon les coopératives? »

Il a ajouté : « Je me réjouis d’avance de votre esprit d’initiative pour transformer le monde afin que l’on cesse de vivre avec ces sept éléments bon marché », a conclu le professeur Patel. 

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