Coopératives: mentionnés dans la Recommandation de l’OIT pour lutter contre l’économie informelle
L’Organisation internationale du Travail (OIT) a adopté une norme internationale du travail qui devrait aider des centaines de millions de travailleurs et d’unités économiques à sortir de l’informalité pour entrer dans l’économie formelle. Les coopératives sont mentionnés au sein de cette recommandation dans le cadre même de la transition, à la fois en termes d'entreprises et en termes d'emploi. Les coopératives sont également mentionnés dans les sections relatives aux cadres juridiques et politiques, en soulignant qu'un cadre de politique intégrée pour la transition vers l'économie formelle devrait inclure la promotion de l'entrepreneuriat et de différents types de modèles d'affaires, y compris les coopératives et d'autres unités de l'économie sociale et solidaire. Ce texte est le résultat des discussions qui ont eu lieu dans une commission de la 104e session de la Conférence internationale du Travail (CIT), tenue du 1er au 13 Juin à Genève pour aborder un large éventail de questions, y compris de la transition de l'économie informel vers le économie formelle. La Commission, composé de gouvernements, de syndicats et d’organisations patronales, avait déjà commencé ses travaux lors de la session de la CIT de l'année dernière pendant 10 jours, au cours de laquelle CICOPA était déjà présente en représentation de l'Alliance coopérative internationale (ACI), et avait obtenu une série de mentions sur les coopératives dans le texte. S’adressant à la Commission, cette année encore, CICOPA a expliqué la vision coopérative, au nom de l'ACI, en faisant valoir que la contribution actuelle et potentielle des coopératives à la transition vers l'économie formelle doit être clairement reconnue.
Le document « Les coopératives sont la clé de la transition de l’économie informel à l’économie formelle », élaboré par CICOPA et distribué parmi les délégués, fait valoir que le modèle entrepreneurial coopératif est particulièrement adapté pour sortir les gens de la pauvreté et la réalisation de la transition vers l’économie formelle. "Comment les coopératives et les autres entreprises de l’économie sociale et solidaire contribuent à la transition ? En fournissant une voix socio-économique et de la représentation des citoyens ordinaires, des économies d’échelle, une vaste gamme de services de soutien aux entreprises (formation et éducation, financement, services consultatifs, etc.), et la formalisation administrative progressive ", a déclaré le Secrétaire général de CICOPA, Bruno Roelants.
La recommandation – la première norme internationale du travail de tous les temps spécifiquement destinée à lutter contre l’économie informelle – a été adoptée par 484 voix pour et a recueilli un soutien exceptionnel de la part des mandants tripartites de l’OIT. Le vote par la Conférence internationale du Travail est considéré comme une étape essentielle pour aider les pays à mettre en place les mesures nécessaires pour promouvoir la création d’emplois décents et les entreprises durables dans l’économie formelle.
Accédez aux déclarations de Bruno Roelants lors de la Commission sur la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle le 2 juin : http://bit.ly/1STIAAv (en anglais)
Les gouvernements, ainsi que les organisations d’employeurs et de travailleurs du monde entier conviennent de promouvoir la création des coopératives dans le cadre de l’OIT
Les coopératives sont largement incluses dans les conclusions de la Commission de l'OIT sur les PME et la création d'emplois. Elles sont mentionnées en termes de groupements, de réseaux, de chaîne de valeur et de développement économique local, ainsi que en termes de fournisseurs de services aux PME, et de développement sectoriel. Ce texte est le résultat des discussions qui ont eu lieu dans un Comité dédié de la 104e session de la Conférence internationale du Travail (CIT), tenue du 1er au 13 Juin à Genève.
Il a été explicitement mentionné de promouvoir la création de coopératives de producteurs et de travail. Un paragraphe entier est entièrement dédié aux coopératives : « Le travail de l’OIT sur les entreprises coopératives devrait être élargi pour développer des modèles pour apporter un soutien aux entreprises et syndicats dans la fourniture de services financiers et commerciaux qui sont évolutifs et reproductibles. L’OIT devrait continuer et élargir son assistance technique sur la politique et la réforme législative des coopératives comme indiqué dans la promotion des coopératives, (n ° 193) de 2002 ».
Accédez aux déclarations de Bruno Roelants lors de la Commission de l’OIT sur les PME et la création d’emplois le 2 juin ici (en anglais)
Un outil collaboratif de prise de décision conçu par une coopérative de travail
Vous avez peut être entendu parler de Loomio. Le nom peut sembler familier à ceux qui utilisent les plates-formes de collaboration. Un indice : il est appelé Loomio, c’est en anglais un métier à tisser. Oui. C’est en effet un outil en ligne pour la prise de décision, construit par une équipe de technologues, des militants et coopérateurs en Nouvelle-Zélande.
La mission de l’entreprise n’est pas surprenante puisque les créateurs eux-mêmes sont membres d’une coopérative de travail ayant le même nom. « Nous sommes une organisation qui a à cœur d’avoir dans nos mission une finalité sociale : Loomio existe pour rendre plus facile à quiconque, n’importe où, de participer aux décisions qui affectent leur vie", annonce le site web.
Loomio a émergé de la nécessité de prendre des décisions en groupe pendant le mouvement Occupy en 2011. « Nous avons vu le potentiel de transformation de la prise de décision en collaboration, ainsi que ses limites : si les gens doivent être au même endroit au même moment pour participer, ça n’avance jamais. Nous avons décidé de construire une solution pour régler ce problème : l’utilisation d’Internet donne aux gens un moyen facile de prendre de bonnes décisions ensemble, partout où ils sont ".
Aujourd’hui, plus de 75.000 personnes ont pris plus de 25.000 décisions à travers Loomio.
CICOPA en Colombie à la journée « La solution aujourd’hui : plus de coopératisme ! »
400 coopératives environ ont participé à la journée « La solution aujourd'hui : plus de coopératisme ! » organisée du 29 au 30 avril par l'Association colombienne des coopératives, Ascoop, membre de CICOPA. Bruno Roelants, Secrétaire général de CICOPA y a participé en tant que conférencier pour partager avec l’auditoire la manière dont les coopératives contribuent au développement social des territoires.
Les participants ont pu discuter des politiques publiques qui soutiennent le coopératisme dans sa lutte contre les inégalités, des contributions des coopératives au développement équitable, de l’intercoopération et de la position des coopératives contre la réforme fiscale. L’objectif était de rechercher des positions communes pour les coopératives contre les principaux sujets d’inquiétude du mouvement dans la situation politique, économique et sociale actuelle liée au débat sur le Plan national de développement (qui n’incluait pas de propositions pour les coopératives mais dont une proposition gouvernementale ouvrait en principe la porte à la transformation des coopératives de travail associé et les mutuelles sociétés de capitaux : proposition finalement rejetée par le Sénat le 6 mai) ; la menace pour la continuité du régime fiscal spécial dont bénéficient les coopératives et le rôle actuel et futur du mouvement coopératisme dans la lutte contre la concentration des richesses.
L’un des thèmes centraux de l’intervention de CICOPA concernait les apports et les bénéfices que le secteur coopératif a historiquement procurés aux sociétés comme la création d’emplois par laquelle le coopératisme équilibre les chances et les revenus entre les régions rurales et les villes. « Les possibilités d’emploi fournies à la société par le secteur coopératif entraînent une inclusion économique et sociale capable de générer des transformations sociales qui se reflètent à leur tour dans les chiffres sur la réduction de la violence comme cela s’est produit en Espagne et en Argentine » a déclaré Bruno Roelants. « Il est important que la Colombie commence à voir le secteur coopératif comme un instrument de renforcement du processus de paix en cours. « Il est également essentiel de commencer à réfléchir sur la nécessité d’améliorer les lois nationales sur les coopératives et de considérer que le secteur est un exemple de bonne gouvernance », a conclu le Secrétaire général de CICOPA.
Comment les coopératives de travail associé peuvent-elles inspirer l’économie croate ?
En Croatie dans les années 1990, suite à l’effondrement de la Yougoslavie, le passage d’une économie d’état à une économie de marché a entraîné les entreprises dans des processus de privatisation complexes. Pour beaucoup d’entre elles ce processus n’a pas été couronné de succès et les a laissées pendant plus d’une décennie dans une insécurité financière et de propriété. Un nombre important d’entre elles n’ont pas survécu entraînant des pertes d’emplois massives. Peu survivent et se heurtent toujours à des problèmes de propriété. Leur particularité tient de ce qu’elles se sont organisées selon le modèle yougoslave d’autogestion et que dans certains cas les travailleurs détiennent toujours la majorité des parts. La récente crise mondiale a entraîné des insécurités supplémentaires.
En 2009, le PIB a perdu 6,9 %. En 2011, le PIB croate par habitant (en PPA) a atteint 61 % de la moyenne de l’Union européenne avec un taux de chômage de 13,5. Les coopératives existent en Croatie depuis 150 ans principalement dans le secteur agricole. Elles ont cependant commencé plus récemment à se développer dans d’autres secteurs comme le tourisme, les énergies renouvelables, etc. Au cours de ces dernières années la création de coopératives sociales assurant l’insertion professionnelle de groupes défavorisés a été particulièrement importante. Une nouvelle loi sur les coopératives est entrée en vigueur en 2011 avec une référence aux coopératives de travail associé mais aucune coopérative de ce type n’a été créée depuis lors. Les coopératives en Croatie souffrent encore d’un environnement défavorable, des limitations légales et des charges administratives.
C’est dans ce contexte que le Centre croate pour l’entrepreneuriat coopératif a organisé le 14 mai au Parlement croate la conférence ’Les coopératives de travail associé – une grande opportunité pour de nouveaux emplois’. Le but de l’événement était d’examiner cette typologie de coopératives au travers d’expériences européennes et de voir comment elles pourraient être développées en Croatie. Un accent particulier a été mis sur le rachat des entreprises par les travailleurs comme l’une des manières de sauver des emplois et la possibilité de soutenir les entreprises croates encore touchées par les processus de transition par le biais des coopératives de travail associé.
CECOP a été invitée avec des experts de Coopfond, un fonds de développement coopératif créé par Legacoop en Italie, et de la CG Scop, la Confédération française des coopératives de travail associé, pour partager les ingrédients du succès qui ont permis à certains pays européens d’atteindre un haut niveau de développement des coopératives de travail associé et de réussite des rachats et des transferts d’entreprises par les travailleurs.
Près de 60 personnes issues du Parlement croate, des ministères, des syndicats, des coopératives et des organisations coopératives, de la société civile et des universités ont pris part à l’événement. Le Président du Parlement, M. Josip Leko, a souligné l’importance de ce sujet pour la société croate. Le président de la Commission de l’emploi, M. Silvano Hrelja a déclaré « Si l’Union européenne perd ses artisans, ses agriculteurs et ses coopératives, elle perdra sa propre identité ». Les réactions des représentants du Parlement croate sur le développement des coopératives de travail associé en Croatie furent plutôt encourageantes.
Pendant son séjour en Croatie le personnel de CECOP a visité Humana Nova, une coopérative sociale implantée à Cakovac qui propose une insertion professionnelle à des femmes handicapées à travers la production et la vente de produits textiles fabriqués à partir de tissus recyclés. La coopérative emploie 13 personnes dont 11 sont des travailleurs membres, y compris des travailleurs en situation de handicap et d’anciens chômeurs. Cette coopérative fait partie de l’ACT Grupa, un consortium qui rassemble des coopératives sociales et des ONG et qui fournit une assistance mutuelle et un soutien économique.
Photo: Bruno Roelands