Les syndicats grecs ont publié un manuel visant à guider les travailleurs afin qu'ils convertissent leurs entreprises en coopératives.
En Grèce, la crise financière a été responsable de la fermeture de plus de 60 000 entreprises, ce qui a débouché sur une hausse du chômage. La Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE) est d'avis que les coopératives peuvent autonomiser les employés confrontés au licenciement.
Le manuel offre des lignes directrices étape par étape sur la façon de convertir des entreprises en coopératives de travailleurs. En prenant le contrôle de leurs entreprises, les employés seraient non seulement en mesure de conserver leur emploi mais aussi d'avoir voix au chapitre sur la manière dont l'entreprise est exploitée, et ce directement.
Le manuel est le fruit d'un processus de collaboration entre la GSEE, par le truchement de son Centre pour le développement de politiques en matière d'éducation (KANEP/GSEE), et l'Organisation internationale du travail (OIT).
Consultant auprès de la GSEE et coauteur du manuel, M. Spyros Damtsas a déclaré que le nouveau guide pourrait bien être une première étape dans l'autonomisation des travailleurs.
Ensemble, la GSEE et l'OIT ont organisé deux séminaires à Athènes, à l'occasion desquels les travailleurs grecs ont eu la chance de rencontrer des coopérateurs venus de France, d'Italie, du Canada, du Brésil et d'Argentine ainsi que l'Organisation internationale des coopératives de production industrielle, d'artisanat et de services (CICOPA).
« Ici, notre contribution a pris la forme d'un partage d'informations et de la mobilisation des personnes » explique Pierre Laliberté, spécialiste principal des activités pour les travailleurs au sein de l'OIT.
Les séminaires ont prouvé l'intérêt que les travailleurs portent au modèle coopératif. Ces derniers manquent toutefois des connaissances et de l'expérience nécessaires pour étudier cette solution de rechange. Le manuel est conçu pour pallier ce manque de connaissances au sujet des coopératives. Le guide est axé sur les avantages du modèle coopératif ainsi que sur les défis auxquels font face les entreprises qui se convertissent en coopératives de travailleurs.
Conformément à la législation actuelle, les employeurs ont besoin de consulter les employés en cas de licenciements de masse, supérieurs au plafond de 5 % par mois. « Nous nous sommes servis de cet aspect pour dire aux travailleurs qu'ils peuvent exploiter cette situation en réagissant et en engageant une procédure de faillite » déclare M. Damtsas.
Il renchérit : « En période de crise et de chômage de masse, les gens se rapprochent. Ils sont plus prêts à accepter ces solutions qui sont nouvelles ».
Bien que les travailleurs témoignent de plus en plus d'un intérêt pour l'alternative coopérative, le climat économique, associé au manque de fonds et à une législation contradictoire, font obstacle aux chances de réussite des travailleurs qui convertissent leurs entreprises en coopératives.
Le manuel suggère un certain nombre de mesures qui pourraient être interprétées comme créant un environnement plus propice à la reprise des entreprises en faillite par les travailleurs. Ces mesures comprennent la modification de la législation en vigueur sur les coopératives, la faillite et le droit du travail, le renforcement des institutions financières et de leur soutien aux coopératives et la fourniture de mécanismes visant à guider les travailleurs dans l'aventure coopérative.