Notre entretien avec Charles Gould à l’occasion de son départ

03 Apr 2018

The Co-operative Insider s’est entretenue ce mois-ci avec Charles Gould alors qu'il se retirait de son poste de Directeur général de l'Alliance coopérative internationale. M. Gould, membre de l'Alliance depuis 2010, a travaillé avec le conseil d'administration à l'élaboration du Plan directeur de l’ACI pour une décennie des coopératives Blueprint for a Co-operative Decade et a renforcé l’influence de l’Alliance auprès des instances décisionnelles mondiales. Il a vu l’Alliance lancer le World Co-operative Monitor, un rapport cartographiant le secteur coopératif mondial et comprenant des statistiques et des données comparatives.

Bruno Roelants a pris ses fonctions de nouveau Directeur général le 2 avril.

Vous avez pris la direction générale de l'Alliance en 2010. Quels sont les principaux domaines d'action sur lesquels vous vous êtes alors concentré?

Quand j'ai commencé, l'ONU venait de décider que la Journée internationale des coopératives serait établie en 2012. Nous nous demandions comment utiliser au mieux l'Année internationale et élaborer un plan pour l'avenir. Bon nombre des activités étaient axées sur ces questions et la décision était de ne pas s’en tenir à une planification sur un an mais sur une décennie. Tous connaissent l'histoire aujourd’hui : cela a débouché sur la « décennie des coopératives », un plan d'action en cinq domaines pour que le modèle coopératif devienne le modèle économique à la croissance la plus rapide d'ici 2020.

Le plan directeur pour une décennie coopérative s'achève en 2020. Qu'est-ce qui a été réalisé et qu'est-ce qui doit encore être fait?

Quand je regarde en arrière pour voir ce qui a été réalisé dans le Plan... je considère que l'Identité est un grand progrès. Nous avons lancé une marque coopérative, une image que les coopératives peuvent utiliser pour montrer qu'elles font partie d'une organisation fondée sur des valeurs. Cela a été un véritable succès et c'est une stratégie à long terme avec « .coop ». Depuis que le monde communique davantage sur internet, il s'agit là d'un moyen très important et immédiat d’identification pour les coopératives. Le travail de politique publique a été redéfini. Nous avons constaté que la politique change et que nous devions être une voix à l’occasion du B20, repenser le développement des entreprises et repositionner notre travail. Nous travaillions sur la communication et participer au B20 était essentiel en cela. Si vous n’y êtes pas, vous n’aurez aucune influence. Nous avons eu un impact très important sur les stratégies entrepreneuriales.

Au cours des deux dernières années, l'Alliance a renforcé sa visibilité au niveau mondial en participant aux manifestations de haut niveau de l'ONU, aux réunions du B20 et aux conférences de l'OIT. Quelles ont été les principales victoires de cet engagement?

Cela a été important de deux façons. De façon stratégique, pour décider ce que nous voulons : nous voulons que les coopératives soient incluses dans les rapports discutés à l'ONU, dans les documents SDG par exemple : les coopératives sont présentes de manière constructive. Le B20 était nouveau pour nous, leurs positions sont maintenant plus respectueuses et inclusives. Et nous y sommes pour quelque chose. Pas à pas, à force de stratégie et de respect, nous sommes arrivés au point où nous en sommes aujourd’hui, invités aux événements importants – On nous attend. 

La quatrième révolution industrielle est susceptible d'apporter de nouveaux défis au monde du travail. Nous savons d'après le rapport de CICOPA « Coopératives et emploi » [http://www.cicopa.coop/cicopa_old/Cooperatives-and-Employment-a.html] que trois millions de coopératives emploient près de 10 % de la population active. Quel est le rôle du secteur dans la résolution de ces défis?

C'est un thème passionnant, car l'économie du partage et les plateformes de coopératives sont liées. Le défi pour les coopératives est de définir comment se positionner au milieu de tout cela. Comment faire comprendre aux gens qu'ils peuvent en bénéficier eux-mêmes. Comment ils peuvent créer eux-mêmes cette richesse et partager davantage le bénéfice économique. Nous devrions trouver le moyen d’être en phase avec la manière dont les gens disent les choses aujourd’hui, pour montrer que nous sommes au centre de ce mouvement. Les coopératives ont cette dynamique « maintenant et ici ».

Quel est le meilleur souvenir que vous retiendrez des huit années passées au sein de l'Alliance?

Les gens avec qui j'ai travaillé. J'ai rencontré partout des êtres humains remarquables. Ils s’interrogent sur la manière dont le monde devrait fonctionner. Les membres du mouvement coopératif ont une vision progressiste de la façon dont le monde devrait fonctionner et de réussir. Au cours de mes voyages, j'ai rencontré des gens qui mettaient en pratique des valeurs coopératives, ce qui m'amène à penser que cela a beaucoup de sens. Les coopératives ont été un coup de foudre pour moi et c'est ce que j'aime faire. Il est encourageant de lire dans les journaux que les coopératives travaillent avec à l’esprit que le monde ne doit pas être tel qu’il l’est.

Avez-vous un message pour les coopérateurs du monde entier ?

Ne perdez pas la foi ! Nous faisons partie d'un mouvement qui a une longue histoire. Nous avons été du bon côté de l'histoire : mouvement ouvrier, mouvement pour la paix, mouvement pour la durabilité... C’est l'impact que nous avons qui nous permet de pouvoir travailler dans de nombreux pays. Les coopératives créent le changement. Cela fait vraiment la différence au fil du temps.

Cela a été une période de réaffirmation pour moi. Je souhaite le meilleur à tous et toutes.

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