« Nous devons changer notre façon de produire et de consommer et pour cela nous devons replacer le centre de gravité dans l'économie réelle de chaque territoire. Et là nous sommes les coopératives. Depuis chaque territoire, nous pouvons et nous devons construire une économie mondiale qui nous protège tous, qui réponde aux besoins, aux aspirations et aux projets de chacune des communautés ».
C’est avec ces mots qu’Ariel Guarco, Président de l'Alliance coopérative internationale (ACI), a ouvert le mardi 23 octobre le Ve Sommet coopératif des Amériques. Pendant une semaine l'événement a rassemblé à Buenos Aires 1500 dirigeants du monde entier ainsi que des référents d’autres continents pour participer à l'assemblée générale annuelle de l'ACI.
« Une autre économie mondiale est possible. Une économie pensée et construite à partir des territoires. Nous proposons à cet égard notre modèle d’entreprise où les travailleurs, les consommateurs, les épargnants et les producteurs de chaque territoire sont organisés de manière démocratique pour répondre aux besoins de leur communauté. Une autre économie mondiale est possible si l’axe de nos efforts est le développement local durable » a déclaré Ariel Guarco.
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Graciela Fernández, nouvelle Présidente des Coopératives des Amériques, a donné la conférence d'ouverture du Sommet. « Le continent subit un démembrement des institutions et des organisations régionales. Le coopérativisme parle une autre langue. Nous devons construire des capacités partagées » a-t-elle déclaré.
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Le vendredi 26, en clôture, les débats ont repris autour des trois axes du Ve Sommet : la défense de la planète, un système financier au service du développement durable et l'intégration de l'économie sociale et solidaire. « Notre civilisation est à nouveau confrontée au risque d'effondrement dû à une concurrence sans limite dans l'utilisation des ressources naturelles » a déclaré Ariel Guarco.
« L'humanité doit à nouveau parier sur la coopération internationale pour assurer la paix et le développement durable. Et le coopérativisme doit être un protagoniste de ce processus, comme il l'a été tout au long du processus de reconstruction à la fin des deux guerres mondiales » a déclaré Ariel Guarco. « Nos communautés se sentent impuissantes face à une mondialisation économique hégémonisée par un capital financier concentré qui ne s'est engagé sur aucun territoire, a-t-il ajouté. Il a également souligné la montée en puissance des femmes au sein du mouvement coopératif et a demandé d'approfondir le dialogue entre celui-ci et le mouvement pour les droits de la femme.
Toutes les activités du Ve Sommet ont tourné autour de trois axes : la défense de la planète; la construction d'un système financier pour le développement durable et l'intégration de l'économie sociale et solidaire face aux défis mondiaux. Les conférences centrées sur le premier axe étaient dirigées par Eve Crowley, la représentante de la FAO, et par le documentaliste allemand Valentin Thurn. Tous deux ont mis en avant le rôle de l'économie solidaire dans la production alimentaire, le respect de l'environnement et la démocratisation du circuit des producteurs et des consommateurs.
Le lendemain, l'économiste équatorien Pedro Páez a pris la parole pour avertir qu'un nouveau cycle d’endettement se profilait sur la région. « Il y aura de l'argent pour la spéculation et pour la guerre mais pas pour le développement du peuple » a-t-il déclaré.
Le théologien et philosophe argentin Eloy Mealla a ensuite parlé de l'éthique en politique, de l'économie et du système financier. « Il est temps que la politique et l'économie se mettent au service de la vie » a-t-il affirmé. Il a aussi évoqué certains points communs entre la doctrine coopérative et la doctrine sociale de l'Église catholique.
Le dernier jour, le représentant du Fonds international de développement agricole (FIDA), Marco Marzano de Marinis, a déclaré que « les coopératives agricoles produisent 50 % de ce dont nous avons besoin pour nous nourrir », raison pour laquelle il les considère comme un modèle réussi qui « doit être reproduit dans le monde entier en vue d'atteindre les objectifs de développement durable ».
S'exprimant au sujet de l'intégration de l'économie solidaire, le président de Social Economy Europe, Juan Antonio Pedreño, a déclaré que ce secteur comptait 232 millions de membres et que 14 pays la considéraient comme une priorité. Sur ce même axe, le président du Congrès de Mondragón, Javier Goienetxea, a présenté les principaux défis du coopératisme basque et a expliqué que la création d'instruments et de fonds d'intercoopération faisait la différence dans le groupe coopératif et lui permettait de parier sur le développement durable.
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Pendant toutes ces journées, des activités ont été développées sur la production agricole, la consommation, le travail associé, les services publics, la communication, la finance, les assurances, la jeunesse, l'égalité des sexes, le droit, l'éducation, le logement, les politiques publiques et la responsabilité sociale coopérative.
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