Plus de 300 participants ont assisté à la discussion en ligne de l'Alliance coopérative internationale le 13 mai dans le cadre d'une consultation mondiale sur l'identité coopérative.
Le webinaire a exploré les principaux enseignements du 33e Congrès mondial des coopératives et a décrit les prochaines étapes pour approfondir l'identité coopérative.
La réunion a entendu le président de l'ACI, Ariel Guarco, qui a encouragé les coopératives à être fières de leur identité coopérative et de faire partie du plus grand réseau d'entreprises « avec un système de valeurs ».
Les coopératives ont beaucoup à offrir au monde, a-t-il ajouté, disant aux coopérateurs de continuer à montrer au monde qu'ils ont le meilleur modèle d'entreprise pour le développement durable.
Lisez ses remarques liminaires ici.
Martin Lowery, président du comité de l'identité coopérative de l'ACI, a déclaré que l'ACI avait choisi le thème du congrès d'approfondir l'identité coopérative pour voir dans quelle mesure elle est bien comprise.
« Nous allons de l’avant, aujourd'hui nous n'offrons pas de conclusion définitive, nous voulons plutôt parler de ce qui a été appris tout au long du Congrès » a-t-il déclaré.
Avec Ann Hoyt, professeur émérite à l'Université du Wisconsin-Madison, M. Lowery a résumé certains des principaux thèmes du congrès, tels que le rôle des coopératives dans la conduite du changement de leurs communautés locales tout en luttant contre l'exploitation dans les chaînes d'approvisionnement, l'avenir du travail, l'importance de promouvoir l'éducation coopérative et le développement durable.
Les recommandations du congrès incluaient de rendre les coopératives plus accueillantes pour les personnes marginalisées, de lutter contre la répartition inéquitable des richesses, d'adopter de nouvelles technologies pour lutter contre le changement climatique et de former des partenariats avec d'autres acteurs, en ce compris l'économie sociale et solidaire (ESS) au sens large.
Le professeur Hoyt a déclaré « Les principes et les valeurs sont ce qui nous inspire tous à poursuivre cette façon de faire des affaires car nous sommes convaincus que cela aura un impact sur le succès et le bonheur des personnes avec lesquelles nous travaillons. »
Alexandra Wilson, présidente du groupe consultatif sur l'identité coopérative de l'ACI, a déclaré que le congrès avait marqué le début d'un voyage. La Déclaration de 1995 sur l'identité coopérative était « très importante » a-t-elle ajouté, car c'était « la première fois qu'une définition claire et unique du modèle d'entreprise coopérative était établie. »
« Plus de 25 ans se sont écoulés depuis l'adoption de la Déclaration. Nous entamons donc cette réflexion, dans le but d'approfondir notre identité coopérative mais aussi de répondre à la question : dans quelle mesure l'énoncé a-t-il résisté à l'épreuve du temps ? ».
Le groupe consultatif comprend 23 membres qui sont des praticiens, des dirigeants d'entreprise, des membres du conseil d'administration de coopératives, des universitaires et des dirigeants élus du monde entier.
« Nous voulons mener une réflexion profonde et large sur la déclaration » a déclaré Mme Wilson.
« Nous voulons que tous les différents secteurs dans lesquels les coopératives sont impliquées en fassent partie. Nous voulons que chaque type de coopérative fasse partie de ce processus, c'est donc très ambitieux. Nous espérons que le processus améliorera la compréhension parmi les coopératives de l'identité coopérative et augmentera sa valeur stratégique aux leurs yeux. »
L'ACI a lancé une enquête mondiale sur l'identité coopérative, disponible en anglais, en français et en espagnol – avec d'autres langues à suivre – et elle a déjà reçu plus de 800 réponses. L'ACI prévoit également une série de sessions de consultations virtuelles et le groupe consultatif passera en revue toutes les conclusions pour présenter un ensemble de recommandations sur la déclaration au conseil d'administration de l'ACI.
« Si le conseil d'administration de l'ACI juge approprié d'apporter des modifications à la Déclaration d'identité coopérative, un tout autre processus sera invoqué, ce qui impliquerait de soumettre ces propositions aux assemblées générales de l'ACI » a déclaré Mme Wilson. « Les membres de l'ACI prendraient alors la décision. »
Recommandation 193 de l'OIT
L'événement a également comporté une session sur le rôle normatif de l'Organisation internationale du travail (OIT), en particulier par le biais de la recommandation de l'OIT sur la promotion des coopératives de 2002.
Ana Toriente, du Département des normes internationales du travail du Bureau international du Travail, a déclaré que l'OIT s'était engagée dans la promotion des coopératives depuis sa fondation en 1919.
Avec la déclaration de 1995 de l'ACI sur l'identité coopérative et les lignes directrices des Nations Unies de 2001 sur la création d'un environnement favorable aux coopératives, la recommandation numéro 193 fournit un cadre permettant aux gouvernements d'élaborer une législation, des systèmes administratifs et des politiques qui peuvent promouvoir et soutenir des environnements propices où les coopératives de toutes tailles et de toutes formes peuvent prospérer.
La recommandation n'est pas juridiquement contraignante, a-t-elle ajouté, mais tous les 187 États membres de l'OIT font rapport au directeur général de l'OIT sur leur décision de la mettre en œuvre ou non.
Simel Esim, chef de l'Unité des coopératives de l’OIT, a donné un aperçu de la prochaine discussion sur le travail décent dans l'ESS, lors de la Conférence internationale du Travail qui aura lieu du 30 mai au 10 juin.
Avant la conférence, l'OIT a publié un rapport sur le secteur qui propose une définition de l'ESS basée sur l'examen des 23 législations adoptées dans le monde.
« La définition proposée est basée sur les valeurs et l'opérationnalisation de ces valeurs, qui sont articulées dans les principes » a déclaré Mme Esim.
Danilo Gutiérrez, directeur exécutif de l'Institut national de coopérativisme de l'Uruguay (INACOOP) a parlé de la récente loi sur l'ESS de son pays. Il a déclaré que les coopératives ne devraient pas être diluées dans l'ESS au sens large et que la nouvelle loi uruguayenne n'a pas d'incidence sur la législation coopérative existante.
Hagen Henrÿ, président du comité de l'ACI sur le droit coopératif, a ajouté que le défi pour les avocats du monde entier est de traduire les principes coopératifs en règles et en pratiques.
« Je pense que nous avons fait d'énormes progrès au cours des 20 dernières années. Nous avons un nombre croissant de lois coopératives dans le monde qui font référence d'une manière ou d'une autre aux principes coopératifs » a-t-il déclaré.
Le directeur général de l'ACI, Bruno Roelants, a ajouté que la recommandation 193 avait fourni la première reconnaissance officielle complète de l'identité coopérative.
« Vingt ans plus tard, nous continuons à récolter les bénéfices de ce bond en avant fondamental » a-t-il déclaré, ajoutant « qu’il existe probablement un énorme potentiel inexploré dans de nombreux pays dans ce domaine ».
« Ce qui est certain, c'est que la couverture identitaire n'a pas encore donné tout son potentiel, et qu'avec ce moment probablement historique auquel nous nous préparons aujourd’hui avec l'après COVID-19 et, espérons-le, la fin des autres crises en cours.
« L'identité coopérative pourrait offrir encore plus au monde qu'elle ne l'a fait jusqu'à présent, en termes d'échelles, d'impacts, de partenariats – en particulier au sein de l'économie sociale et solidaire et [à travers] la cocréation de politiques publiques, avec les gouvernements et des organisations internationales » a-t-il encore déclaré.
Retrouvez ses propos de clôture ici.
L'enregistrement est disponible ci-dessous