Le webinaire de l'ICETT examine le rôle des coopératives dans la réparation et la restructuration des chaînes de valeur mondiales

15 Dec 2022

Le groupe de réflexion international sur l'entrepreneuriat coopératif (ICA International Cooperative Entrepreneurship Think Tank - ICETT) de l'ACI a organisé un webinaire le 13 décembre pour évaluer le rôle que les coopératives pourraient jouer dans la création de chaînes de valeur éthiques et durables.

L'événement qui a marqué la Journée internationale des droits de l'homme des Nations Unies a exploré certains des problèmes qui affectent les chaînes d'approvisionnement mondiales ces dernières années, du changement climatique à la Covid-19 ou au conflit russo-ukrainien.

Certains de ces défis ont été soulignés par Hans Groeneveld, président de l'ICETT qui est également directeur des affaires coopératives internationales à Rabobank, aux Pays-Bas. Il a déclaré que l'ICETT voulait explorer la manière dont les coopératives peuvent jouer un rôle dans l'amélioration future du fonctionnement des chaînes mondiales tout en tenant compte du fait que des mesures doivent être prises pour accroître la durabilité.

Marjaana Saarikoski, directrice des affaires coopératives et des partenariats, S Group, Finlande et chef du groupe de travail de l'ICETT sur les droits de l'homme dans les chaînes de valeur, a déclaré que la durabilité est inscrite dans l'ADN des coopératives. Sa coopérative s'est fixé pour objectif qu'au moins 65 % des aliments vendus dans ses magasins soient d'origine végétale et que 80 % soient produits en Finlande.

Edgar Aguilar, expert en chaînes de valeur à l'Organisation internationale du travail (OIT), a donné un aperçu de ce qui se passe dans le monde en termes de perturbations de la chaîne de valeur mondiale en soulignant les principaux enseignements tirés des projets de l'OIT. Il s'agit notamment d'établir des partenariats avec de nouveaux acteurs ou prestataires qui peuvent aider les coopératives à adapter leurs services aux conditions de vie de leurs membres. En collaboration avec ces fournisseurs de services, elles peuvent également mettre en place des mécanismes pour recueillir les avis des membres sur l'expérience de service pour ensuite modifier leur offre. Il a ajouté que les membres de la coopérative pourraient bénéficier d'un système de certification qui couvre le coût de ces services.

D'autres exemples de ce que les coopératives font déjà pour résoudre les problèmes de chaîne d'approvisionnement ont été détaillés par Todor Ivanov, secrétaire général d'Euro Coop et Consumer Cooperatives Worldwide (CCW). Il a évoqué le travail de la Central England Co-operative au Royaume-Uni qui a lancé un fonds coopératif de développement du commerce international pour soutenir les coopératives au Malawi. La coopérative s'approvisionne en 13 produits du Malawi qui sont vendus dans ses magasins au Royaume-Uni.

Selon M. Ivanov, les coopératives de consommateurs prennent également l'initiative en matière de durabilité et de lutte contre le gaspillage alimentaire. Ainsi le détaillant Coop Suède a signé une déclaration de durabilité par laquelle il s'engage à accroître la traçabilité. Cela signifie que les consommateurs de Coop Suède peuvent scanner les produits en magasin et voir à quel point ils sont durables. De même, en Finlande, S-Group permet aux consommateurs de calculer les émissions de CO2 de leur panier. Pendant ce temps, les coopératives italiennes s'assurent que 100 % de leur marque distributeur est traçable et que 90 % proviennent de fournisseurs nationaux. Au Royaume-Uni, pour lutter contre le gaspillage alimentaire, le groupe Co-op a remplacé les offres de dernière minute par des repas gratuits.

Un autre domaine dans lequel les coopératives de consommateurs excellent est celui des données. M. Ivanov a déclaré que les coopératives sont l'opérateur commercial qui ne vend pas ses données mais les utilise, les traite et les restitue aux consommateurs pour leur permettre de vivre des modes de vie plus durables.

Il estime que davantage de collaborations entre coopératives sont nécessaires dans le secteur, ajoutant que d'autres détaillants souhaitent également prendre l'initiative sur ces questions. « La concurrence ne dort pas » a-t-il déclaré.

Jongseok Lee, chef du Bureau de la coopération internationale et conseiller du secteur agricole à la Fédération nationale des coopératives agricoles de Corée (NACF), a donné un aperçu de la perspective des coopératives agroalimentaires. Les membres de la NACF ont dû faire face à des perturbations de la chaîne d'approvisionnement ces dernières années en raison des blocages et des fermetures de frontières liés à la COVID-19, ainsi qu'au changement climatique et à des catastrophes naturelles plus fréquentes. En réponse, la NACF a renforcé ses capacités de distribution en ligne, permis des échanges de produits en ligne en gros et aidé ses membres à obtenir une assurance-récolte, entre autres.

Owen Skae, expert principal en agro-industrie, Alliances for Action, Centre du commerce international (ITC) a également donné des exemples de pays dans lesquels son organisation est active. Il a déclaré que les coopératives sont plus résilientes lorsqu'elles disposent d'un cadre de gouvernance, sont démocratiques et disposent de freins et de contrepoids et d'un leadership fort. Au Ghana, les coopératives avec lesquelles travaille l'ITC ont pu s'adapter aux défis récents de la chaîne d'approvisionnement en diversifiant les cultures pour être moins dépendantes des chaînes de valeur mondiales pour les engrais. Il a expliqué que les coopératives peuvent favoriser un esprit d'entreprise et qu'il devient plus facile de se diversifier et d'ajouter d'autres produits parce qu’il existe également une volonté d'innover. Elles sont aussi plus susceptibles d'obtenir des investissements en raison de leur orientation communautaire, a-t-il ajouté. Il a fait remarquer que les dialogues public-privé sont également importants parce qu’il existe de nombreux acteurs dans les chaînes de valeur et qu'il doit y avoir un alignement entre ceux-ci.

En clôturant le webinaire, Hans Groeneveld a souligné que la question des chaînes de valeur mondiales était un sujet de discussion en cours pour l'ICETT.

L'enregistrement complet est disponible ici.

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