Le Comité pour l’égalité des genres (CEG) de l’Alliance Coopérative Internationale (ACI) a organisé, avec l’appui de l'équipe du partenariat ACI-UE (#coops4dev), une réunion sur le rôle que peuvent jouer les coopératives pour aider les femmes qui occupent des postes à responsabilité à lutter contre les inégalités de genre.
Cette réunion avait pour thème principal Les femmes aux postes à responsabilité dans une relance juste en lien avec la Journée internationale des droits des femmes, qui a été célébrée le 8 mars.
Pour regarder l’enregistrement, cliquez ici.
Lors des deux sessions qui se sont tenues le 18 mars, les intervenants ont souligné qu’une action urgente était indispensable face à l’aggravation des inégalités de genre existantes liée à la crise du Covid-19 et ont montré que comment les coopératives pouvaient contribuer à une relance juste en offrant des perspectives aux femmes pour qu’elles occupent des postes à responsabilité.
Les coopératives sont déjà engagées dans cette démarche visant à changer la donne. La présidente du Comité pour l’égalité des genres de l’ACI, Maria Eugenia Pérez Zea, a évoqué l’initiative du groupe coopératif colombien, Coomeva, qui a mis en place une politique en faveur de l’égalité des genres en 2013 et a inscrit l’égalité des genres dans ses statuts. Coomeva a déjà reçu la certification Equipares, qui a été élaborée par le ministère du Travail en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
Esther Gicheru de la Co-operative University of Kenya, qui préside les Comités sur la recherche et sur le genre de l’ACI-Afrique, a passé en revue les initiatives de coopératives de la région, qui vont de la production de masques d'une coopérative marocaine en passant par la participation à une campagne sur les violences sexistes de l’association AMPCM (Mozambican Association for the Promotion of Modern Cooperativism).
Xiomara Nunez de Cespedes, présidente du Comité pour l’égalité des genres des coopératives des Amériques et vice-présidente du CEG, a présenté l’initiative de Cooproenf, une coopérative du secteur de la santé qui est composée de 18 000 membres. Tout au long de la pandémie, Cooproenf s’est avant tout assurée de protéger ses membres. En complément de son plan de soutien économique d’urgence, elle a accordé des crédits et des avances de salaire aux membres de son personnel en situation difficile. Elle a également saisi l’occasion pour amorcer la transition numérique d’une partie de ses services, ce qui s’est concrétisé par la création d'un programme de sensibilisation en ligne sur la pandémie.
Nandini Azad, présidente du Comité des femmes de la région Asie-Pacifique de l’ACI, a souligné qu’il fallait remettre en question le système patriarcal et a demandé aux coopératives de s’engager dans la lutte contre les violences sexistes. En Inde, les coopératives de femmes ont enregistré un recul d’activité en raison de la pandémie, mais la majorité d’entre elles n’ont pas tout suspendu, mais ont adopté de nouvelles stratégies, en particulier dans le domaine des technologies numériques. Certaines coopératives ont ainsi fourni des formations dans ce domaine à des femmes pour qu’elles puissent accéder à des prêts.
Stefania Marcone, membre du comité exécutif du CEG et vice-présidente de Cooperatives Europe, a mis l’accent sur l’action des coopératives dans la région. Cooperatives Europe a adopté une Charte pour l’égalité des genres en octobre 2020, dans laquelle son organisation s’engage à renforcer les activités qu’elle mène pour mettre un terme aux disparités et demande à ses membres de mettre en œuvre ses 10 engagements dans leurs organisations respectives. Ces engagements incluent la promotion de l’équilibre vie privée-vie professionnelle, un soutien en faveur de l’entrepreneuriat coopératif des femmes et une mise en commun des bonnes pratiques.
« Le Covid-19 anéantit les progrès accomplis dans la réalisation des ODD », a déclaré Wenyan Yang, directrice du Bureau de la perspective sociale pour le développement du Département des affaires économiques et sociales du Secrétariat de l’ONU (DESA). Elle a ajouté que les femmes faisaient partie des groupes marginalisés les plus susceptibles de souffrir de la pandémie, au même titre que les personnes âgées, les personnes handicapées, les populations autochtones, les réfugiés et les migrants.
Simel Esim, directrice de l'unité des coopératives de l'OIT, a fait part de préoccupations similaires à l'égard des répercussions de la pandémie sur les femmes travaillant dans le secteur des soins de santé et en première ligne, sur les femmes du secteur des services qui ont été licenciées et sur les femmes qui travaillent dans l'économie informelle. « Les femmes ont assumé une grande part des responsabilités liées aux soins à la personne et ont vu augmenter leur nombre d’heures de travail non rémunérées », a -t-elle ajouté.
Les coopératives qui offrent des perspectives aux femmes pour qu’elles occupent des postes à responsabilité peuvent contribuer à une relance juste.
Camila Lundberg de We Effect, une ONG suédoise qui a été fondée par des coopératives, a expliqué comment son organisation s’engageait en faveur de l’égalité des genres en demandant à ses partenaires de présenter des projets incluant une composante liée à la question du genre. We Effect s’est également engagée à verser la moitié de l’ensemble de ses financements officiels dans le domaine du développement en faveur de projets dont l’objet est de soutenir les femmes et les filles.
Judith Hermanson du Groupe de recherche internationale sur les coopératives de la coalition américaine OCDC (Overseas Cooperative Development Council) a fait part d’une partie des conclusions de l’étude comparative de son organisation sur le rôle positif des coopératives en Pologne, au Kenya, aux Philippines et au Pérou. Ces travaux montrent que les revenus des femmes appartenant à des coopératives sont supérieurs aux revenus moyens dans ces quatre pays.
Simel Esim a demandé aux coopératives de combler les disparités en donnant aux femmes davantage la possibilité d’occuper des postes à responsabilité dans les secteurs tels que l’agriculture ou la vente de détail. Elle a proposé d’autres mesures en demandant de reconnaître les exigences liées aux soins à la personne, de veiller à éradiquer la violence dans le milieu du travail, de reconnaître les besoins des travailleurs en première ligne, de mettre en place des horaires de travail flexibles, d’offrir des congés de paternité et de lutter contre l’épuisement professionnel.
Wenyan Yang a affirmé qu’il était possible d’accomplir des progrès plus rapides en confiant des postes à responsabilité à un plus grand nombre de femmes et a ajouté que les coopératives qui leur offrent ces postes pouvaient contribuer à une relance juste.
Vous pouvez consulter la publication du CEG intitulée « Les femmes aux postes à responsabilité, la voie pour l’égalité dans le contexte de la pandémie de Covid-19 » ici
Une célébration du rôle des femmes dans le leadership pour la conduite d'une juste reprise
En mars, l'ACI a souligné le rôle important des coopératives au sujet des femmes dans le leadership et la conduite d'une juste reprise à travers la campagne #coops4women.
Tout au long du mois, nous avons partagé une variété de projets, d'activités et de matériels sur ce thème, y compris une Déclaration pour la Journée internationale de la Femme 2021 au nom du Comité pour l'égalité des genres de l'ACI (GEC), par sa présidente Maria Eugenia Pérez Zea, ainsi qu'une publication compilant des meilleures pratiques coopératives du monde entier, intitulées «Les femmes dans le leadership: atteindre un avenir égalitaire dans le monde du COVID-19».
Le 18 mars, le webinaire a eu lieu dans le cadre de cette campagne.